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[Haiti] Comment Préval est passé dans l'autre camp

category amérique centrale / caraïbes | la gauche | presse non anarchiste author Tuesday July 27, 2010 22:46author by Elsie Haas Report this post to the editors

Comment Préval est passé dans l'autre camp..

2006 Préval est élu. Mal élu diront certains. Néanmoins, la majorité des voix se portent sur lui, et ses concurrents sont loin derrière.

Préval a toutes les cartes en main. Son élection est unanimement saluée par l’international.

La Minustah (troupes de l'ONU) le protège contre un éventuel coup d'Etat.

Les gouvernements de gauche d'Amérique Latine voient en lui un potentiel allié.

Le président de la RD, le grand copain de Washington dans la région, l'aime bien.

Le peuple haïtien, lui, attend que "l’Espoir" parti de Préfal, réponde à ses espoirs. Bien que Préval, qui a lui-même nommé son parti Espoir, déclare dès le départ qu’il ne promet rien.

En quelque sorte que ce n'est pas la peine d'avoir de l'espoir.

Un observateur attentif aurait dû être alerté par cette contradiction révélatrice de la manière dont Préval va par la suite
mener sa barque.

Mais, pour l’instant, nous sommes en 2006 le pays sort d’une présidence d’Aristide marquée par des conflits incessants et puérils
entre le gouvernement et l’ensemble de l’opposition qui s’achèvera par un second mandat écourté à nouveau par un coup d’Etat.
Pas de chance pour Aristide Les "chefs" ne veulent décidément pas de lui.

Su ce, Latortue arrive avec des promesses de millions voire milliards de l’international pour reconstuire le pays.

Eh oui! On parlait également de reconstruction à cette époque.

Il s'agissait de "reconstruire la démocratie" (sic).

Petite parenthèse.

Avez-vous remarqué le rackett des GNBistes, des héritiers de Duvalier donc?

Première étape du racket:

Ils provoquent le désordre et crient à la dictature. L'international coupe les fonds à l'Etat mais en distribue aux héritiers des Duvalier via leurs multiples associations.

Deuxième étape du racket:

Les mêmes qui on mis la démocratie par terre par un coup d'Etat demandent la restauration de la démocratie. L'international leur donne de l'argent à nouveau.

En 2004, ils ont tiré le gros lot.

L'enjeu était de taille : massacrer l'image d'Haïti.

Tous les cent ans, c'est pareil.

A défaut d'en massacrer les habitants présentés comme des analphabètes sauvages sous l'influence d'un dictateur pire qu'Hitler un ravageur Attila qui tire son plaisir à moudre des bébés dans un mixer.

Le coup du bébé passé à la moulinette pour en faire du jus, boisson favorite d'Aristide ca se passait avant le dernier opus, "moloch tropical" du cinéaste Peck dans lequel, le passe temps du dictateur a changé.

Là, il aime plutôt se passer en boucle les vidéos des tortures infligées à ses opposants.

Toute cette galéjade se tournant, évidemment, dans la citadelle du Roi Christophe un monument classé par l'UNESCO.

Réflexion de Mme Michu à la sortie du film : "Ca valait quoi de leur donner l'indépendance pour qu'ils fassent pire que leurs anciens maîtres."

BRAVO ! Pari tenu.

Récompenses à l'appui

Je ne vous dis pas.

Ca a été le grand ménage pas une poussière de prix, primes, promotions, décorations festivals, articles de complaisance,etc. n'a été oubliée.

Fin de la parenthèse.


II.

Mais pas de bol, M.Latortue se prend "Jeanne", un ouragan, qui dévaste la ville des Gonaïves. L’argent qui arrive sert à payer les fonctionnaires. Le reste est recyclé dans les voyages, per diem, cadeaux aux amis, achat de Lexus, gardes du corps et autres bénéfices secondaires du pouvoir.

De plus, il laisse gracier un criminel notoire, ce qui décridibilise sa politique de sécurité. Il annule les taxes pour 3 ans à certains patrons ce qui grève d’autant le budget de l’Etat.

Les kidnapping explosent malgré –certains diront grâce à- la présence de la Minustah, la mission de l’Onu en Haïti. Car, depuis 2004, année de la commémoration du bicentenaire de son indépendance,

Haïti est occupée sur la demande expresse de ses élites. Et pas du Parlement. Le peuple via ses représentants, n’ayant comme d’habitude, pas son mot à dire. Ce sont les membres de la Chambre de commerce d'Haïti qui décident.

Même si, compte tenu de cette réalité, on pouvait supputer, que, précisément, c’était avec l’aval des dits commerçants que Préval avait été élu, -le fait même que Préval ait été épargné pendant tout le tumulte de 2003-2004 par les ex-militaires financés par les GNbistes permettrait de l'envisager- il n’était pas interdit de rêver qu’il arriverait à un compromis avec eux.

Parce que, qu’attendait le peuple haïtien de Préval ?

Parenthèse

Le peuple haïtien étant bien plus pragamatique –au bon sens du terme- que ne le laissent entendre la droite et l’extrême droite qui forment le noyau dur des dites élites. Elites, dont l'intérêt est de le portraiturer comme immature, sauvage et foncièrement dangereux.

Une stratégie qui lui permet de maintenir sous contrôle cette population et de conserver ses privilèges outranciers. Tellement outranciers qu’il est possible de les comparer à ceux des colons pendant l’esclavage, ou bien encore à ceux des Blancs en Afrique du Sud sous le régime d’apartheid.

Fin de la parenthèse.

Donc, qu’attend en 2006, ce peuple haïtien pragmatique de Préval ?

Oh! Pas le Pérou. Tout simplement qu'il l'aide à sortir de sa condition infra-humaine.

Cependant, la première préoccupation de Préval, harcelé par ses amis du haut de la ville sera d’exercer une répression sur les couches populaires, celles-là même qui avaient voté pour lui.

Ses amis d'en haut exigent que les pauvres soient punis, il faut avant tout les réprimer . Bay yo kou. Les frapper. Préval hésite.

Aussitôt, face à son hésitation, les gens d’en haut s'emploient à lui faire une sale réputation. Il serait l'ami des trafiquants de drogue.

C’est à mourir de rire quand on sait que l’ambassadeur des USA,avant son départ, avait pointé l'hypocrisie de ces gens d’en haut qui camouflaient leurs amitiés avec les traficants.

N’empêche que ces gens d'en haut ont pu compter sur les zentellectuels, -le maillon immature- et les média à la botte qui se sont empressés de relayer la propagande :

"Préval protégerait les gangsters – tous lavalassiens comme par hasard- qui auraient finançé sa candidature."

Grotesque. Mais la pression marche.

D'autant plus que Préval doit constamment donner des preuves qu'il n'est pas le marassa, le jumeau de celui qu'ils ont envoyé se faire voir en République de Centre Afrique.

Faire bonne figure devant l'international qui finance le budget de l'Etat à 60% c'est indispensable.

Préval cède.

Il autorise la Minustah à tirer sur les habitants de Cité Soleil.

http://www.youtube.com/watch?v=ngK_2MEjJpM&feature=play...edded

Au lieu de faire une campagne nationale d’information afin d'expliquer son choix de cibler les criminels

pour éviter de frapper toute une population, Préval dit okay : que la Minustah fasse ses raids aveugles dans les quartiers pauvres.

Il appuie la guerre contre les pauvres.

Première erreur fatale
qui marquera le début de l'alignement de Préval au camp duvaliériste.

Pour la droite et l'extrême droite il fallait que Préval, dont le mandat précédent n'avait pas été marqué par des actes de violence contre la population, porte sur ses mains le sang des innocents.

Tout comme eux.

Après cette initiation, Préval pouvait être admis au club de la longue liste de ceux à l'instar de l'ex-Général Cédras qui ont fait commettre des massacres.

Parenthèse

Cédras qui, d'après ses dires, aurait été poussé à terroriser les innocents en utilisant systématiquement les viols pour écraser la résistance au coup d'Etat de 1991.

Fin de la parenthèse

A partir de cette décision irréfléchie, Préval se verra contraint, au fur et mesure de rentrer dans la logique politique soicio/économique de la droite et de l'extrême droite.

Du coup, il s’aliène sa base, ceux qui avaient voté pour lui.

Et se place dans une position de dépendance qui le conduira plus tard, entre autres, à défendre les intérêts des patrons des sweatshops face à la demande légitime d’augmentation du salaire minimum des ouvriers de leurs entreprises.

Que pouvait signifier pour le peuple haïtien la demande de l’amélioration de ses conditions de vie?

- le développement de l’agriculture permettant plus d’emplois
- une meilleure justice permettant plus de sécurité
- éducation et santé pour tous
- un meilleur salaire.

Or, la préoccupation principale de Préval, son leit-motiv reste de construire des routes.

Oh ! Ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler un projet personnel même s'il fait comme si c'était son truc à lui
. Il s'agit tout bonnement de suivre les recommendations du FMI, qui veut des routes pour le zones franches, pour les plantations de mango et pour le commerce avec la RD.

Aussi, la première route construite a été celle reliant Haïti à la RD. Route qui a permis d’augmenter le trafic de la RD à Haïti.

Les exportations de la RD vers Haïti depuis la présidence de Préval ont considérablement augmenté.

L'apologie constante de la RD à laquelle a droit le lecteur des fora haïtiens sur le web, couplée au dénigrement des Haïtiens, n'est pas le fait du hasard.

Son objectif étant de faire entrer dans la tête des Haïtiens à force de répétition qu'il est tout à fait normal d'accepter de consommer les produits de la RD, vu que les Haïtiens sont incapables -presque génétiquement- d'avoir leurs propres productions. Sur ces fora, où d'ailleurs on évite de parler d'agriculture, il est demandé, via différentes voix qui se relayent pour diffuser ce discours, aux lecteurs de remercier la RD d'envahir Haïti de ses produits.


Est-ce que réellement c’est ce qu’attendait de Préval le peuple haïtien ?

Plus de produits de la RD vendus en Haïti ? Certainement pas. Par contre c’était précisément la demande des gens d’en haut, grands importateurs et, par ailleurs, de même que le Boulos de la "Sauvegarde nationale" actionnaires de nombreuses entreprises en RD.

Grâce à ce systême, les élites commerçantes verrouillent l'économie haïtienne.

Elles gagnent sur tous les terrains.

Elles obtiennent une belle route financée par l'Etat (le peuple) qui facilite leur commerce

Les entreprises dans lesquelles elles ont investi en RD multiplient leur chiffre d'affaire.

Elles revendent leurs produits sur le marché haïtien à des prix non concurrentiels.

Wouahoo ! Le jackpot !

Aussi, qui s'étonnera que les millionaires haïtiens soient les plus riches en millions des Caraïbes et que Haïti soit "le pays le plus pauvre de l'hémisphère ouest" ?

Il n'y a pas de miracle.

III.

Finalement, il serait possible de résumer la politique de Préval en un soutien inconditionnel aux intérêts commerciaux des élites du pays et de celles de la RD.

Que ce choix lui ait été imposé par Washington, le FMI et les bailleurs de fonds, comme certains l’avancent, ou pas, le résultat est là : le retour à la politique duvaliériste d'injustice, de mépris et d’absence de considération totale pour les besoins de la population.

Ce qui fait que, quand survient le tremblement de terre il frappe une population déjà terriblement fragilisée par la politique anti-sociale de Préval.

Ce qui fait que quand le tremblement de terre est arrivé, la première réaction – si on peut parler de réaction- du Président a été de s’envoler vers la RD. Puis après de faire le mort.

Pas un message d’encouragement et de compassion à la population. Silence radio. Et également de l’ensemble du gouvernement, des parlementaires, des zentellectuels et du secteur privé. Toute l’élite aux abonnés absents.

Le peuple obligé de se débrouiller seul.

Ce qui fait que, six mois après le tremblement de terre, cette même population dans son’ensemble reste sans protection gouvernementale.

Préval ayant lui-même déclaré que la reconstruction est « une opportunité de faire des affaires » -du jamais vu, un Président qui se transforme en chef d'entreprise après un séisme -les gens d'en haut et les firmes internationales attendent le moment de l'opportunité.

C'est-à-dire l'arrivée de l'argent. Entre temps; la majorité de la population, toujours pragmatique,comme d’hab, se débrouille avec l’aide des ONG, avec celle de la diaspora et en inventant des moyens de survie pour éviter de verser dans la criminalité qui lui tend les bras.

Pourtant Préval en 2006 avait un bon jeu de cartes en main.

-Il aurait pu déclarer l’éducation grande cause nationale
-Il aurait pu déclarer le reboisement grande cause nationale
-Il aurait pu créer un sorte de service national qui aurait permis que les jeunes diplômés et non diplômés se répandent sur l’ensemble du territoire et apportent leur aide dans les services de santé, de voieries, dans l’administration, dans la santé, dans l’agriculture, dans l’ensemble des métiers de la plomberie à l’énergie solaire en échange d'un salaire minimum.
-il aurait pu accepter le projet du Venezuela de fonder une grande université populaire;
-Il aurait pu développer l'agriculture biologique avec l'aide de techniques expérimentées ailleurs.
-il aurait pu développer les énergies renouvelables: soleil et vent.
-Il aurait pu passer des contrats ouverts et non clandestins pour l'exploitation des mines.
-Il aurait pu réduire le train de vie de l'Etat.

Tou ceçi, il avait le temps pour le mettre en place et il aurait pu trouver des femmes et des hommes dans le pays, dans la diaspora et aussi des étrangers pour collaborer à ce programme.

Pour cela, il aurait fallu qu’il ait le courage d’imposer cette politique au service des intérêts de la population aux bailleurs de fonds au lieu de battre bravo au plan Collier Il aurait fallu qu'il sache dire Non à la mafia des commerçants qu'il informe la population jour après jour.

Ce n'était pas facile mais le challenge en valait la peine, pour lui-même et pour Haïti.

Hélas, les conseillers de Préval, les Delatour, Verret, Vorbe, Mevs, Brandt, Boulos et cie, la bande de duvaliéristes qui l’entourent, ont su mettre le Président au pas.

Fernandez, le Président de la RD, face aux diffiicultés socio-économiques auxquelles son pays est confronté et dont la presse de la RD rend compte quotidiennement, s'accroche à Haïti comme à une bouée de secours. N'a-t-il pas finalement eu ce qui'il voulait, une place au Cihr ?

S’étant totalement isolé de son peuple avec lequel il s'est refusé de dialoguer, n’ayant pas les macoutes pour subjuguer ce peuple comme ses prédécésseurs, les Duvalier, Préval se retrouve dans une sorte de prison dorée, à la merci de l'International, de la Minustah, de l'extrême droite et de la RD.

Comme quoi, il y a pragmatisme et pragmatisme.

Celui de Préval qui le conduit à mener une politique contraire aux intérêts du peuple.Celui de la population qui, jusqu'à présent, a évité de tomber dans le piège de la violence que lui tendent les provocateurs de tout acabit afin d' accélérer le processus de répression qui permettrait de consolider le statu quo.

L'espoir de la droite et de l'extrême droite étant, grâce à un immobilisme politique voulu, de provoquer l'exaspération populaire jusqu'à ce qu'elle débouche sur de la casse.

Puis, d'agir comme à Cité Soley en 2005/2006/2007 faire encercler la place du Champ de Mars par les chars de la Minustah et tirer dans le tas. Avec pour prétexte le rétablissement de l'ordre. Ils n'attendent que ça.

Peuple haïtien, méfie-toi des soit-disant révolutionnaires qui te lancent des "en avant, en avant"

Méfie-toi des militaro/macouto/duvaliéristes qui te racontent de belles paroles et qui poignardent dans le dos.

Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.

Peuple haïtien, patience, intelligence, courage, concertation, amour.

Anaïse et Manuel de Gouverneurs de la Rosée de notre cher Jacques Roumain sont tes modèles.

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