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Elections Haitiennes: Rene Preval Pret A Tout

category amérique centrale / caraïbes | impérialisme / guerre | presse non anarchiste author Thursday October 28, 2010 21:59author by JOEL LEON Report this post to the editors

UNE ANALYSE SUR LES ELECTIONS HAITIENNES A VENIR.

ÉLECTIONS HAÏTIENNES: RENÉ PREVAL PRÊT À TOUT

Par JOEL LEON

«Zonbi ki goute sèl pa mande rete»

Le rejet de M. Jacques Edouard Alexis, grand ami du président Préval, comme candidat à la présidence du parti de celui-ci, INITE est une décision politique majeure qu’il m’a toujours été difficile de cerner, c'est-à-dire d’en saisir les dessous, les non-dits. Aussi, je m’étais mis à investiguer l’affaire.

D’après des sources bien informées appartenant aux deux groupes, c'est-à-dire Préval et Alexis, la rancœur du premier à l’encontre de ce dernier ne date pas d’hier. D’abord, c’est une lutte entre les nouveaux venus et les anciens, autour de Préval. Les nouveaux amis viennent presqu’exclusivement de l’ancienne opposition gnbiste. Ils sont considérés par les anciens, composés exclusivement d’anciens cadres techniques et politiques du parti Lavalas, comme des « transfuges ». Cependant, au fur et à mesure que le pouvoir s’éloignait de l’influence de l’ancien président Aristide, les « transfuges » se renforçaient autour du président Préval, le nouveau maitre des lieux, jusqu'à former un cercle solide et étanche allergique à toute présence jugée non conforme au cercle, «non pure». Parlant de pureté, en guise de fonder une organisation politique de type classique, Préval et ses « transfuges » ont, de préférence, donné naissance à une chapelle politique, dont le président est le seul chef suprême. Ces nouveaux gourous de la scène politique sont très avares, ils ne jurent que par une allégeance totale, dépouillée de tout soupçon. Ils ont fait plusieurs victimes, parmi eux Jacques Edouard Alexis et François Pierre-Louis.

L’ancien premier ministre Alexis a été rejeté en raison de ses prétendues liaisons avec des individus considérés comme des « non-purs ». Il ne faut pas oublier que le premier ministre actuel, Jean Max Bellerive, a été parachuté comme ministre de la Planification par un militant lavalas influent, du nom de Joe Cantave. Donc, Bellerive « représentait » lavalas, je dirais officieusement, au sein du gouvernement pluriel qui a vu le jour après l’investiture du président Préval en 2006. D’après les détracteurs de M. Alexis, ce dernier infiltrait au sein de l’administration publique des cadres proches de l’ancien président Aristide dans des positions peu visibles avec la possibilité d’être promus dans des fonctions plus sérieuses. A un certain moment de la durée, Alexis caressait l’idée de se présenter aux élections présidentielles sous le label d’un brassage lavalas/lespwa. Au début, cette idée fut bien reçue par divers ions qui gravitaient autour de l’atome, c'est-à-dire Préval, à condition que le leader en exil soit écarté de l’équation. Mais au fur et à mesure que la désintégration se poursuivait au sein du parti Fanmi lavalas, les « transfuges » changèrent de stratégie, et optèrent alors pour une politique de ratissage dur, consistant à récupérer le plus de militants influents possibles du parti lavalas et transformer le terrain politique en une terre brûlée pour ceux qui refusaient de s’aligner. On connaît la suite: Jean-Mary Samedi, Samba Boukman, Sò Ann et Yvon Neptune etc. ont été récupérés, d’autres jetés en prison ou contraints à s’exiler dans leurs propres pays.

D’après un membre fondateur du parti de feu Renaud Bernardin, Louvri Baryè, Préval fut un membre fondateur de cette organisation politique, quoiqu’il n’ait pas signé les documents constitutifs. Ceci expliquerait, toujours d’après ce cadre, que le parti ait été toujours présent aux côtés du président. Notamment, un cadre-dirigeant comme Marie Laurence Lassègue, François Pierre-Louis etc. Permettez moi que j’introduise ce dernier personnage, à ma manière bien sûr, dans le développement de l’article.

Je rencontrai M. François Pierre-Louis quelques mois après le départ de Jean Claude Duvalier en 1986. Administrateur d’Haïti-Progrès de l’époque, il jetait les bases de l’ « Assemblée populaire nationale » APN, qui allait devenir plus tard « Parti populaire national », toujours sous la férule du même maitre, M. Benjamin Dupuy. François incarnait l’anti-impérialisme pur et dur de l’époque. Il critiqua ouvertement les dirigeants du « parti unifie des communistes haïtiens », le PUCH, en les qualifiant de petits bourgeois anti-révolutionnaires et révisionnistes, parlant de René Theodore et de Max Bourjolly. Lui représentait l’aile extrême de la gauche en Haïti, projetant une image de lui-même du style latino-américain, c'est-à-dire un mariage entre les idées marxistes et le secteur progressiste de l’église catholique, appelé « Ti legliz » et inféodé à la théologie de la libération dont le chef de file fut Jean B Aristide. Lors, l’on s’interrogeait sur les possibilités de « christianiser le marxisme ou marxiser le christianisme ».

A partir des élections de 1990 et de la montée au pouvoir d’Aristide, des bouleversements profonds allaient prendre place au sein de la mouvance gauchisante, ce qui conduisit à des comportements politiques proches de la dérive morcelant ainsi ce courant de manière irréversible. François Pierre-louis, travaillait au ministère de la coopération externe en 1991, sous la direction de Renaud Bernardin. A dire vrai, il était toujours correct avec moi pendant tous les 7 mois d’Aristide au pouvoir. Nous nous sommes encore rencontrés en exil en 1994, là encore notre rencontre a été cordiale. Aujourd’hui, François est directeur de campagne de Jacques Edouard Alexis, après avoir traîné sa bosse à la Primature. Le parti Louvri baryè auquel il était affilié, finit par prendre publiquement ses distances par rapport à la mouvance présidentielle INITE. Donc, un choix clair et net est fait ! Cependant, certains membres du PPN accusent François d’être à l’origine de l’éclatement au sein du parti de Ben Dupuy au profit du candidat Jacques Edouard Alexis. Les mêmes le soupçonnent aussi d’avoir manigancé le rapprochement entre KOREGA et Alexis, sans oublier la récupération de militants du parti Lavalas au profit de son poulain candidat. Si l’on croit ses dévirées politiques, François serait un grand stratège qui affaiblit d’autres organisations politiques au profit de son candidat. Toutefois, il y a des considérations importantes qui méritent d’être prises en compte. Ou est passé l’anti-impérialisme à fleur de peau de Pierre-Louis ? Qu’en est il du discours anti-occupation des années 1986 ? Est-il frappé du phénomène des 3 âges qui a toujours dominé la classe politique haïtienne. Beaucoup de questions malheureusement auxquelles je n’ai pas encore les réponses.

D’après les stratèges de l’espoir, il est fort probable qu’il y ait un deuxième tour pour la présidence. Leur poulain, Jude Célestin, n’a pas le charisme qu’il faut, il est sans discours. Vu que nous sommes un peuple habitué au beau parler, Célestin doit trouver d’autres moyens pour réunir la grande foule. Pour combler ce manque à gagner, il compte acheter chaque vote au prix fort. La peur qui accapare « les transfuges » comme Paul Denis, Bob Manuel, Alix Fils-aime etc. est très profonde. Ils ne veulent pas au pouvoir un président ayant un quelconque lien avec Aristide. C’est pourquoi ils ne prennent pas de chance, ils écartent lavalas totalement du processus politique tout en restant à l’offensive afin de trouver la meilleure formule pour une mise à mort politique définitive de l’ancien président. Tous ceux qui tournoient autour de Préval sont cimentés par cette haine implacable. Tout retour d’un proche du président signifie la fin d’une ère ou tout simplement la fin du « prévalisme ». D’où la nécessité d’élaborer tous les scénarios possibles. Ils sont conscient que 6 des candidats les plus représentatifs ont un électorat semblable presqu’égal. 90% des votes seront partagés entre Myrlande Manigat, Charles Henry Baker, Jude Célestin, Céant, Jacques E. Alexis et Lesly Voltaire. Toute velléité de faire gagner Célestin au premier tour, comme prévu, est voué à l’échec, sinon il faut se préparer à massacrer plusieurs milliers d’hommes, femmes, jeunes et enfants. La stratégie du deuxième tour consiste à brandir le spectre du retour d’Aristide comme un danger imminent à l’ensemble de la classe politique afin de rallier toute l’opposition.

Officiellement, Lavalas n’a présenté de candidats à aucune fonction élective. Cependant, le processus électoral est bourré de candidats de tendances lavalassiennes. Qui plus est, ils ne cachent pas leurs appartenances politiques et ils se bousculent pour cet étendard. Cela confirme que la marrée lavalassienne est toujours active, érodée, certes, mais constitue le plus gros de l’électorat haïtien. Si cela se confirme, on aura au deuxième tour un candidat lavalas, probablement M. Jean Céant, en face de celui de la mouvance du président Préval. Donc, la lutte est entre les deux anciens frères jumeaux. D’un côté, Aristide, subissant les affronts de l’exil, mais conservant toujours la confiance de son peuple et de l’autre, René Préval au pouvoir, appuyé par la classe traditionnelle de pouvoir d’Etat, la communauté internationale et les institutions de l’Etat.

L’américain dit souvent de quelqu’un très déterminé à atteindre son objectif « He is out for Blood ». Une traduction libre adaptée à la psychologie de Préval pourrait s’énoncer ainsi : prêt à tout. Préval est prêt à tout faire pour conserver le pouvoir, parce que c’est une question de vie ou de mort. C’est à ce prix que Jacques Edouard Alexis a été sacrifié au profit d’un poulain plus sûr, loyal, ayant fait preuve d’allégeance et obéissant aux ordres du chef. En y pensant bien, on peut s’attendre éventuellement au pire, c'est-à-dire à des démonstrations musclées de la part du pouvoir, pour intimider, emprisonner, éliminer, disparaitre tout ce qui peut constituer un handicap à l’accession de Célestin au pouvoir. On a déjà vu l’exécution d’un plan d’élimination sélective en opération. La disparition de Lovinsky Pierre Antoine, le décès suspect du prêtre Gérard Jean Juste candidat potentiel à la présidence du mouvement lavalas, au terme de l’incarcération injuste dont il fut victime, et la mort subite de Jean Mary Samedi etc. Autant d’éléments qui laissent prévoir que les derniers jours précédant les élections seront les plus durs, assortis de coups imprévisibles.

Voilà en filigrane les enjeux politiques, les choix stratégiques, les décisions machiavéliques auxquels le peuple haïtien aura encore à faire face. Toute cette parade idéologique, politique et militaire est animée du désir fou de confisquer le pouvoir, perçu comme une source de richesse facile. Donc, le pouvoir pour le pouvoir !

JOEL LEON

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