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Horizons du progrès de la révolution syrienne

category machrek / arabie / irak | luttes dans la communauté | opinion / analyse author Saturday May 21, 2011 05:15author by Mazen Kalmamaz Report this post to the editors

traduction française du texte du camarade anarchiste syrien Mazen Kamalmaz [العربية ]
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Depuis l’avènement de la révolution syrienne, les intellectuels ou les analystes politiques se sont fractionnés en deux principaux groupes opposés, et une position hésitante qui tend dans la réalité et obligatoirement vers l’un ou l’autre des groupes adverses. La première opinion voit que le trait de lumière est représenté par le régime, ainsi le peuple dépourvu du régime et du totalitarisme sombrera dans une guerre civile et une discorde ethnique et factionnelle, seules les représailles peuvent empêcher cet aboutissement. La deuxième opinion voit que le peuple syrien est capable de vivre en liberté, en est digne, et le seul justificatif aux des représailles exercées par le régime n’est que son insistance sur le pillage du pays et l’appropriation du pouvoir. Certes c’est cette dernière vision qui incite les jeunes révolutionnaires à descendre dans la rue ; ces jeunots rebelles sont convaincus de leur droit à la liberté, de leur capacité à l’exercer, et que la liberté est la seule issue à une vie meilleure.

Cela seul explique la disposition des jeunes révolutionnaires à faire des sacrifices et affronter les représailles menées par le régime, ces dernières sont devenues d’une barbarie inconcevable. En effet les appareils de sécurité qui sont essentiellement des mercenaires du régime se comportent quotidiennement comme des nervis (Alcbihp) [1] en commençant par l’humiliation des syriens ordinaires et en finissant par les tuer quand cela est nécessaire. En outre le régime recourt aux des chars pour réprimer les citoyens de Deraa et essaie d’étouffer leur volonté en les affamant. Par ailleurs dans d’autres épicentres de la révolution tels, Douma, Homs et Damas, la répression revêt d’autres aspects un peu atténués, le régime se contente du recours à la force. Autrement les mercenaires procèdent de manière à couvrir les massacres du régime menés contre les rebelles et à déformer la révolution des jeunes syriens, avec pour objectif d'accréditer l'idée que le slogan de liberté n’est pas la devise principal.

Il est certain que la révolution syrienne à été spontané et juvénile et continue à l’être. Il est vrai qu’elle comprend des fractions diversifiées représentant la diversité de la rue et des jeunes syriens, mais majoritairement les initiateurs sont des jeunes non influencés par l’idéologisme et n’ont aucune conception dogmatique sur la liberté mais plutôt une vue réaliste qui sous-entend que le totalitarisme du régime est le seul obstacle à la liberté.

Les principales caractéristiques de la révolution syrienne sont , son aspect juvénile et spontané, et du fait qu’elle créée par la rue, elle en est liée directement. C’est une révolution sans pilotage centralisé, mais plutôt dirigée par individus insurgés, par conséquent , nul ne peut prétendre la gouverner ni la conduire, la raison en est simple, les jeunes insurgés se sont soulevés spontanément et la participation des religieux en particulier ceux dont la conception est extrêmement réactionnaire ou de toute autre tendance n’est pas visible.

Entre ces attitudes opposées, des avis intermédiaires, tantôt prétendent à la neutralité (comme l'avait affirmé au tout début du soulèvement l’écrivain Nabil Salih par exemple, le fondateur du site électronique ALJAMAL) tantôt soulèvent le danger des conflits ethniques et de l’extrémisme religieux (la quasi-totalité des gens qui veulent se situer à mi-chemin entre les premières attitudes opposées ou entre le régime et le peuple). Enfin , j'évoque ce que quelques uns ont appelé « le danger de l’intervention extérieure », même par exagération, ce péril n'est pas sérieux et n’a aucune réalité. Ainsi les reproches de l’impérialisme au sujet de la répression menée par le régime ne sont pas plus que des propos vides de tout sens et fuyant le fait que les intérêts impérialistes sont liés à l’existence du régime actuel et à sa nature totalitaire, il lui sera exigé simplement de réformer certains positions politiques et redresser quelques unes de ses agissement grossiers. L’impérialisme ne désire pas la liberté pour le peuple syrien, ceci contrecarre ses intérêts, cependant, le lendemain de l’éventuelle triomphe de la révolution, il pourra prétendre qu’il soutenait la rébellion contre le totalitarisme (cette action exterieure a été mentionnée dans plusieurs manifestes et affirmations, on cite entre autres le manifeste de l’organe central de Tim et quelques analyses du courant Qasyon [2]). Ces attitudes reprises par les deux pôles principaux du conflit ont été accompagnées par l’appel à un dialogue national voire même la tentative de création d’ébauches de ce dialogue.

Il est de toute évidence que la seule et unique issue à toute crise est le dialogue national, mais quel dialogue ? La société est un amalgame de couches et de catégories sociales très diversifiées, la classe défavorisée tout particulièrement, et de courants politiques et intellectuels prétendant la représentativité. Plus spécifiquement dans le cas des soulèvements arabe et syriens la majorité des insurgés sont représentés par des jeunes qui se sont insurgés pour la liberté sans être influencés par une idéologie quelconque, un système de pensée ou une conception claire élucidée et définitive de la liberté qu’ils scandent. Cela signifie que nous avons effectivement besoin d’un dialogue national entre nous, un dialogue anéanti par le régime et auquel celui-ci a substitué ses institutions unilatérales, un dialogue qui va nous permettre de fonder une nouvelle vie, une nouvelle Syrie en s’inspirant de la liberté, comme le désire bien la majorité du peuple syrien aujourd’hui. Dans le cadre de cette vision du dialogue national, les tentatives du régime de s’y mêler paraissent incompréhensibles, à moins qu’on tienne compte du fait que celui-ci détient un dispositif sécuritaire colossal et de nervis «(Alcbihp) qu'il est prêt à utiliser à tout moment pour éteindre le soulèvement.

Socialement le régime représente la bureaucratie gouvernante pourrie, et tout changement (tout en supposant que la réforme au sein du régime est faisable) est sensé lui ôter et l’autorité et la propriété des moyens de production pour les mettre à la disposition de la société ; en dehors cette conception, tout changement est considéré comme une réforme vide de tout sens et ne mérite pas d’être qualifié de réforme même abusivement. Le régime parait indisposé à sacrifier ou à permettre à quiconque de toucher à RAMI MAKHLOUF [3] ou à tous les autres maitres de la pourriture ou à l’intégrité de l’appareil répressif, il est même prêt à détruire la Syrie toute entière pour pérenniser son appropriation de l’autorité et des moyens de production. Ceci est diamétralement contradictoire avec un changement réel ou même avec une réforme symbolique. Le régime ne représente aucun courant politique ou intellectuel, le niveau du parti ALBAAS a baissé au point de ne plus mériter le qualificatif de parti, au sens sérieux du mot. Même pour ceux qui exercent un sectarisme, antagoniste au fondamentalisme sunnite, ne peuvent considérer le pouvoir comme un représentant de l’ethnie ALAOUITE ; en fait ce régime n’est que des individus. Ces derniers doivent assumer la responsabilité entière du pillage et de la répression qu’avait subis la Syrie dans les dernières décades, au moins depuis l’an 2000. Les victimes qui sont tombés parmi les citoyens syriens depuis le 18 mars relèvent aussi de leur responsabilité ; ceci n’est pas une manière pour exclure une partie mais plutôt ceci constitue le noyau de la révolution. Que signifie la révolution si elle n’implique pas la fin de la domination de la classe dirigeante et sa privation des moyens de production. Al Assad a bien assimilé la vérité en disant dans son premier discours, depuis le début du soulèvement, que le conflit est ouvert et n’admet pas le chantage. Les propos de Bachar étaient parfaitement exacts en disant que la neutralité, qui est synonyme de rechercher des solutions intermédiaires, étant impossible dans ce conflit. Toute issue sérieuse mettant fin à la répression et au pillage exercés par le régime, conduira obligatoire à la chute de celui-ci ; et toute solution contraire est équivalente à la défaite de la révolution et l’échec de la cause de liberté du peuple syrien. Cette défaite va mener infailliblement à la naissance d’une ère obscure de répression et de pillage démesurés et sans précédent contre tout syrien ne faisant pas partie du pouvoir, ayant participé à la révolution ou ayant pris une position neutre ; le recul de la Syrie au moyen âge, tel on peut qualifier ce devenir. Ce que le régime veut nous faire craindre, correspond exactement à ce qu’il a l’intention de faire aussitôt qu’il aura anéanti la révolution ; les révolutionnaires et le pouvoir sont tous deux bien conscients que l’armistice est interdite dans ce conflit, car celle-ci sera synonyme de la reprise de l’initiative par la partie adverse. Une défaite certaine est l’aboutissement pour celui qui se retire du combat. Personne ne peut diriger le pouls de la révolution, car celui-ci est étroitement lié à celui de la rue. Etre conscient instinctivement de cette réalité, c’est comprendre que l’extinction de la révolution ne peut se concrétiser qu’à travers une répression barbare ; si ce n’étaient pas des massacres, qui mèneront la Syrie à des éventualités dangereuses dont le régime sera le responsable unique et total. C’est ainsi le rôle et l’importance de la campagne médiatique qui en découle, celle-ci soutiendra la persévérance des jeunes ou fustigera leur moral. En revenant au sujet du dialogue, il suffit ici de rappeler que celui-ci a été une initiative des leaders des services secrets et avait commencé entre SAMIRA [4] la pacifiste, FAIZ SARA, et MICHEL KILO [5] ; le lendemain de cette action SAMIRA a été écarté de son travail, car elle a osé s’écarter de la version officielle du soulèvement, et KILO a été arrêté, tel a été le devenir des premières gens « ayant commencé le dialogue national ». Le régime a accueilli avec une réticence proche de l’outrage tous les appels et les initiatives au dialogue qui comprenaient d’ailleurs des conditions en rapport principalement avec le régime. Dans la majorité des cas ces appels sont comparables au cessez-le-feu entre deux parties dans une guerre. Curieusement ces accords sont complètement ignorées par la partie qui tire et qui est d’ailleurs l’unique partie qui détient l’arme et le dirige contre autrui. Je crois que le régime avait mené le dialogue qu’il désire, et les résultats de ce dernier sont bien visibles, on les voit bien à DERAA, à DOUMA, et à HOMS ; et on le voit aussi dans la répression sauvage et dans la décision prise par le régime de pousser ses chars contre les épicentres du soulèvement. Le régime avait éteint la voix des gauchistes démocrates, forces opposantes en interne, qui auparavant contrebalançaient relativement dans les chaines satellitaires les fondamentalistes, les salafistes, et les libéraux ; il avait arrêté FAIZA SARA, MAHMOUD ISSA, et quelques leaders du parti du peuple démocratique, à cause de leurs interventions sur les chaines satellitaires ; ceci peut jouer un rôle négatif même s’il est limité. C’est ainsi, la proie la plus facile pour le régime est l’opposition gauchiste démocrate ; et comme à l’époque de la répression absolue, seuls les fondamentalistes et l’institution religieuse principalement, qui est restée relativement en dehors de toute exclusion et a même persévéré comme la seule institution, pouvant coexister avec le dispositif bureaucrate et sécuritaire du régime. Finalement, s’il est vrai comme il nous est parvenu que le camarade FAWAZ ALHARAKI, membre du courant QASYON FI HOMS , a été assassiné , il faudra que ceci soit déclaré solennellement par les dirigeants du courant QASYON, ainsi ils ne priveront pas les communistes de cet honneur, celui d’être le premier communiste syrien à être tomber en martyr dans la brave révolution de 2011.

Les courants NOUR et QASYON sont les plus majoritaires parmi les communistes qui existent actuellement, les adeptes du premier sont contraints aux alliances de leurs dirigeants avec le régime, tandis que les seconds sont relativement libérés des résultats de cette coalition. QASYON nie toute participation de ses membres dans le soulèvement, cette négation n’est toutefois qu’une tentative de la part de ses dirigeants pour ne pas perturber le régime, puisqu’il est toujours possible de rejoindre le train de la révolution, si le triomphe de celle-ci s’avère imminent.

La position qui vient d’être décrite est partagée par la plupart des dirigeants communistes et gauchistes syriens, elle a ses avantages et ses inconvénients, d’une part elle prive le soulèvement de jouir de l’existence d’une gauche pesante, et d’une part elle octroie au régime, qui est d’ailleurs préoccupé par la répression de la révolution, une certaine douceur sur le plan de sa relation avec la gauche syrienne (parlons avec le langage révolutionnaire d’aujourd’hui : le front du régime avec la gauche syrienne) ; toutefois ceci ne sous entend pas que le pouvoir ne sévira pas ultérieurement et après avoir écrasé la révolution, toute personne qui s’est conduite en dehors des lignes rouges permises aux fractions de la gauche et à toute élite politisée. D’un autre côté le recul des dirigeants gauchistes, va permettre aux larges masses des jeunes de s’isoler avec les dirigeants fondamentalistes dans un débat quotidien sur la cause de la liberté, non plus les tabous des fondamentalistes et des hommes religieux, mais la liberté des syriens et de la société. Par ailleurs, l’abstention des dirigeants de la gauche à la participation effective et directe à la révolution, permettra au noyau communiste et à tous ceux qui croient à un changement social et radical sous forme d’une révolution sociale, à renouer des relations socialistes réelles basées sur l’appropriation des moyens de production par les producteurs et sur la gouvernance de soi par soi même à travers des conseils populaires. Il n’est pas donc question de reproduire « le socialisme » baathiste, celui-ci avait été le calque du modèle du capitalisme d'état bureaucratique. Comme dans la conception du camarade martyr FAWAZ ALHARAKI, Le socialisme qu’on sous entend, doit être l’initiateur dans la participation à la révolution d’une part et d’autre part il doit dresser un dialogue avec les jeunes révolutionnaires et doit être l’issue pour sortir du dogmatisme classique de la gauche syrienne dans sa conception à la liberté, à la révolution, et de la pensée communiste et socialiste. Normalement les dirigeants communistes et gauchistes, à travers leurs discours idéologiques et leurs actions, sont sensés étudier les bases de la révolution, et identifier les manières pour préparer à la révolution sociale, la faire éclater et la faire triompher de la classe dominante, hélas bien au contraire on note que cesara Kilo leaders exercent tout à fait l’opposé de ceci : justifier le totalitarisme et maintenir la domination de la classe exploitante .

Mazen Kalmamaz,
anarchiste syrien,
le 01/05/20117

traduction My Al Houria et Berckman (CGA)



(1)Voyous employés et couverts par le régime pour briser l'opposition : Voir http://www.youtube.com/watch?v=RboOnSrunFw
Et http://socyberty.com/society/phenomenon-alcbihp-meaning...ions/
(2)Courants marxistes syriens
(3)Dignitaire du régime syrien, cousin du président Bachat el Assad, intermédiaire exclusif entre le régime et les entreprises multinationales.
(4)Samira al-Massalma, ancienne rédactrice en chef de la télévision officielle syrienne, licenciée après avoir répondu à une interview d'une télévision satellitaire arabe.
(5)Intellectuels defenseurs de l'idée d'une « société civile » en syrie, emprisonnés en 2008

Related Link: http://www.ahewar.org/debat/show.art.asp?aid=257276
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