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Qui a tué Facundo Cabral?

category international | culture | opinion / analyse author Friday July 29, 2011 23:33author by José Antonio Gutiérrez D. Report this post to the editors

Pour nous, tu n’es pas mort Facundo des vers si enrichissants. Pour nous, tu vis avec ceux et celles qui se battent, avec ceux et celles qui pensent par eux et elles-mêmes, avec ceux et celles qui se lèvent debout et s’opposent aux dictatures, tout comme elles causent préjudice à vie. Côte à côte avec les autres ménestrels de la chanson libre, comme Victor Jara, et bien d’autres dont les chansons sont une chaîne sans fin dans laquelle chaque maille tient la chanson au reste.
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Qui a tué Facundo Cabral?

Ça semble incroyable. Facundo Cabral a été tué. L’écrivain de la prose libre et libertaire. Le chanteur-compositeur qui a survécu à une enfance troublée, à la prison et aux jours interminables de la dictature. Un survivant. Il a été tué juste comme ça, de sang froid, de 16 balles. Un tueur qui n’était pas une fraction de l’homme qu’était Cabral. Dans une entrevue donnée en septembre de l’année dernière, Cabral a dit, avec une certaine clairvoyance, des tueurs à gage : « Les trous de cul ont toujours existé. Le kidnapping et le trafic de drogue existent parce qu’il y a des trous de cul qui n’ont pas les couilles pour vivre leur vie alors ils préfèrent tuer ». Ils l’ont tué de manière trouillarde, sur le bord d’une rue, ironiquement nommée Libération, à la ville de Guatemala. Divers présidents (parmi eux le colombien d’extrême-droite Juan Manuel Santos) ont pris la parole pour exprimer des messages de condoléance. La chose est étrange étant donné que Cabral n’avait jamais eu de bonnes relations avec les figures présidentielles. Aucune d’elles. Dans le même entretien, Cabral a dit : « Je suis un anarchiste, ce qui est pire qu’un communiste. Pour cette raison, je n’ai jamais voté, je ne me suis jamais impliqué dans la politique parce que la politique divise et je me sépare de tout ce qui divise. Aucun-e, aucun-e politicien-ne ne va changer notre réalité. »

Néanmoins, avec sa guitare en main, « Cette machine tue les fascistes » comme Woody Guthrie l’aurait dit, Cabral a fait de la politique durant la plupart de sa vie. De la Bonne politique, de la politique qui secoue l’indifférence, qui éveille la conscience populaire, qui nous fait réaliser que nous ne sommes pas seul-e dans le monde, qui rime avec la solidarité et nous appel à se lever debout et s’opposer aux puissants. C’était la façon de Cabral, l’enfant illettré qui a grandit dans la rue, qui a été éduqué en prison et qui n’a jamais connu son père… Ce cœur phénoménal, qui au lieu de se durcir comme le marbre lorsqu’il faisait face aux difficultés de la vie, s’attendrissait et acquérait une compréhension d’une insondable profondeur des êtres humains, qui caractérisait son art.

Qui a tué Cabral? C’est la question que nous posons tou-te-s. C’était un tueur à gages certain-e-s disent. Les trafiquant-e-s de drogue d’autres disent. Une balle perdue quelqu’un peut même entendre des plus cyniques. Une nouvelle victime du Guatemala, un « État Manqué », vocifère la presse argentine. Mais ceux qui ont réellement tué Facundo Cabral étaient les mêmes à qui il chantait sa critique sociale.

Qui a tué Facundo Cabral? Les mêmes gens qui ont mutilé et tué le chanteur chilien Victor Jara. Les mêmes gens qui ont réduit le chanteur colombien de la guérilla Julian Conrado à un détenu disparu.

Qui a tué Facundo Cabral? Les mêmes gens qui ont tué les syndicalistes du Guatemala. Après la Colombie, le Guatemala a le second nombre le plus élevé de syndicalistes assassiné-e-s. 16 furent assassiné-e-s en 2009, 10 en 2010 et, jusqu’à maintenant cette année, il y en a eu au moins 5 d’assassiné-e-s.

Qui a tué Facundo Cabral? Les mêmes gens qui ont tué de façon barbare 600 femmes dans la seule année 2010.

Qui a tué Facundo Cabral? Les mêmes gens qui tuent des centaines de paysan-ne-s mayas chaque année afin de prendre possession de leur terre. Ces mêmes gens qui en forcent des milliers de plus à devoir déménager de leur logis pour faire place à des mines et à des méga-productions agricoles.

Qui a tué Facundo Cabral? Les mêmes gens qui, après avoir gradué de l’École des Amériques, ont tué 250 000 guatémaltèques, ont laissé 500 000 personnes disparues et en ont torturé et humilié des millions durant la guerre civile (de la fin des années 1950 à 1996) et qui continuent de tuer à ce jour…

Qui a tué Facundo Cabral? Les mêmes gens qui, ayant les moyens pour éradiquer la pauvreté, condamnent des dizaines de milliers de guatémaltèques à des morts les plus brutales et atroces : la mort de la famine.

Il n’y a pas de mystère à résoudre dans ce cas. Les assassins de Facundo Cabral étaient les riches, les puissants, l’oligarchie, les capitalistes, les impérialistes, toutes les classes de gens qui ont construit cet « État manqué » au Guatemala. Et ils l’ont fait avec l’aide généreuse de Washington, sans aucun changement survenu depuis la reddition de l’insurrection en 1996 (Que la Colombie prenne note de ce qui l’attend si le conflit est résolu par une reddition dans les termes du « président »). C’est eux, les puissants, qui font en sorte de garder les tueurs à gage en affaire, comme ils ont gardé en affaire les escadrons de la mort dans le passé. Ces groupes profitent de l’impunité totale que leur accorde l’armée et la police, formés à cet effet et endoctrinés par les États-Unis durant l’ère barbare de la contre-insurrection.

Les nouvelles de la presse présentent le Guatemala comme enveloppé dans un nuage de fumée, comme si la violence pouvait être réduite à une seule question de trafic de drogue et de mafia. « La premier narco-État d’Amérique latine », écrit le journal argentin « La Nación »… Oubliant clairement que cet honneur douteux a été porté par la Colombie depuis le début des années 1990. « Un pays dirigé par les Zetas [Ndt. un cartel mexicain de narcotrafic] », affirment d’autres journaux, oubliant que le contrôle oligarchique au Guatemala est acharné et que la réalité est que toutes les terres du Guatemala sont contrôlées par des compagnies multinationales qui font ce qu’elles veulent avec les communautés en place. Qui est en affaire avec les trafiquant-e-s de drogue? Qui tue la mafia? Quels profits ou richesses sont amassés à travers cette violence?

Quand quelqu’un commence à poser ces questions de façon sérieuse, une question à ce que nous nous demandons tou-te-s peut être trouvée : Qui a tué Facundo Cabral?

Pour nous, tu n’es pas mort Facundo des vers si enrichissants. Pour nous, tu vis avec ceux et celles qui se battent, avec ceux et celles qui pensent par eux et elles-mêmes, avec ceux et celles qui se lèvent debout et s’opposent aux dictatures, tout comme elles causent préjudice à vie. Côte à côte avec les autres ménestrels de la chanson libre, comme Victor Jara, et bien d’autres dont les chansons sont une chaîne sans fin dans laquelle chaque maille tient la chanson au reste.

Ils croient qu’ils t’ont tué, mais ils t’ont seulement élevé à l’éternité. Un artiste qui ne chante pas seulement pour chanter, ne meurt jamais Facundo, jamais…

José Antonio Gutiérrez D.
10 juillet 2011

Traduction du Blogue du Collectif Emma Goldman

author by José Antonio Gutiérrez D.publication date Wed Aug 10, 2011 05:22author address author phone Report this post to the editors

Le commentaire de Chico Silva est typique de ces écrans de fumée autour de l'affaire qui sont critiqués dans l'article. Si il l'avait lu avec attention, il aurait vu que ces arguments de type "la balle perdue", comme le disent les plus cyniques, furent celui des médias. "Ah, mais il allait aux côtés d'un narcotraficant et proxénète" -mais qui a dit que l'homme qui voyageaient avec Facundo Cabral l'était? Il n'y a pas de preuves pour dire que cette personne était un trafiquants de drogues ou de femmes. Et la théorie de "la balle perdue" ne tient pas debout quand on voit que le corps de Cabral a reçu 16 tirs et son compagnon de voyage seulement quelques-uns

Le fond ce n'est pas ça. La ligne de fond est de savoir qui a tué Facundo Cabral. Ce n'était pas les sicaires? Qui a monté les structures de l'assassinat ciblé au Guatemala? N'était-ce pas l'oligarchie avec la pleine complaisance des Etats-Unis? N'est-ce pas les mêmes qui assassinent les paysans et les syndicalistes? Aujourd'hui c'était le tour de Cabral, une personne connue, et le drame guatémaltèque fût exposé dans les médias internationaux en une demi-minute. La ligne de fond, ce n'est pas l'individu qui a appuyé sur la gâchette, mais le système de répression, la mort, contrôlé par la mafia qui existe aujourd'hui au Guatemala. Les véritables responsables de l'assassinat sont ceux qui alimentent ce système, depuis le gouvernement et depuis les chambres de commerces. Pas les imbéciles morts de faim qui tuent pour manger.

C'est de ça que traite l'article. Cela aurait été bien que tu l'aies lu avant d'écrire.

author by Chico Silvapublication date Sat Aug 06, 2011 20:12author address author phone Report this post to the editors

Facundo Cabral a eté mort dû a sa proximité d'un narcotraficant et entrepreneur de prostitution. Voilá les faits.

 

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