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Intellectuel Francophone, Roi Haut Perché, Suffisant à lui-même, au Beau milieu D’un peuple Créolo

category amérique centrale / caraïbes | culture | presse non anarchiste author Friday October 07, 2011 02:57author by Trouillot Raynal - groupe de professeurs Haitiauthor email raynaldotr at yahoo dot frauthor address Haiti: rue gregoire # 76 Petionvilleauthor phone 509-36574554 Report this post to the editors

Les intellectuels

L’espace en dehors au temps féodal par son absence d’infrastructures :
L’espace –ville ségrégationniste au temps précapitaliste par son manque d’infrastructures :
L’espace diaspora au temps capitaliste par la présence d’infrastructures à gogo :

Intellectuel Francophone,
Roi Haut Perché,
Suffisant à lui-même, au Beau milieu D’un peuple Créolophone Condamné
Depuis plus de deux siècles
À L’analphabétisme et à L’illettrisme

Selon ses intérêts et position de classe, un intellectuel.
Un intellectuel est une personne, un individu, petit-bourgeois ou gens de la classe moyenne, qui est instruit, qui fait ou qui est appelé à faire des recherches , qui mène des activités cérébrales, mentales en émettant des idées, des pensées et des concepts dans une certaine logique en vue de les transmettre, de les faire partager et mêmes adopter en utilisant toutes sortes de supports du genre tableau noir, papier, document, ordinateur, portable, CD, USB, livre…
De sa culture et ses activités cérébrales, réflexions et actions, il en ressort un écrivain, un romancier, un philosophe, un conseiller …
L’intellectuel donc s’occupe d’abord de s’informer de la production du savoir et en s’en servant, il peut-être appelé aussi à produire, à véhiculer et à promouvoir un discours à lui et inviter d’autres à le faire.
L’intellectuel est un citoyen, puis un notable et finalement un potentiel candidat, aux prochaines élections, décidé d’utiliser le peuple comme marchepied pour arriver à promotion sociale ou transfert de classe…
Certains font croire être un engagé, un militant de gauche, mais en fait c’est un madré qui court après le prestige, démobilise ses camarades, ses élèves, ses étudiants, tout en se foutant pas mal du peuple… Le peuple les emmerdeeeeee !
Ainsi donc quand on parle d’intellectuel, dans le système d’apartheid dans lequel nous vivons, nous devrions voir deux et même 3 espaces différents : l’espace de l’en dehors, l’espace-ville, l’espace-diaspora…
L’espace en dehors au temps féodal par son absence d’infrastructures :
Dans l’en dehors, l’intellectuel est celui qui se promène avec un cartable sous le bras au milieu de tout un monde d’analphabètes et qui est supposé francophone ; il est un scribe en rendant différents/maintes services dans la communauté en rapport à l’écriture.
Il peut être un élève de la fondamental, un élève de rhéto ou de filo luttant constamment avec la langue française et avec lui même… Un intellectuel en herbe…
Il peut être un professeur de l’école primaire ;
Il peut être un notable de la zone et pas forcement un ancien universitaire, confortable dans la routine …
Avec l’utilisation du portable, il peut aider quelqu’un à transmettre un message par SMS …
Ce monsieur est plus entiché de la vérité au nom de la connaissance, vérité livresque que de la vérité sociale et scientifique qui l’entoure …
Le plus souvent c’est un illettré et qui se sent confortable dans son illettrisme. Maître de la parole comme de l’écrit, au pays des aveugles les borgnes sont rois…
Intellectuel, clerc, mandarin, fumiste également …
Et le système le convient, et il se dédouble à volonté selon les besoins du moment. Un vrai caméléon de la culture…
Parmi les différents rôles de l’intellectuel, devenant créolophone, Il se fait même intermédiaire incontestable du christ dans sa « parole », et même de dieu pour renforcer son pouvoir sur les autres, pouvoir spirituel, éducative, mentale, psychologique entant que pasteur, prêtre, diacre ou simplement homme d’église…

L’espace –ville ségrégationniste au temps précapitaliste par son manque d’infrastructures :
Dans l’espace-ville, l’intellectuel est un monsieur qui s’enferme dans un discours abstrait, conceptuel en tenant souvent un langage que lui seul et ses amis peuvent déchiffrer dans son ensemble. Certaines personnes lui reprochent souvent sa langue de bois. C’est un art féodal même bourgeois, celui de mystifier et d’éblouir les autres, tout un peuple y compris la classe moyenne à demi-scolarisée…
Et pire encore, cet intellectuel fonctionne dans l’appareil judicaire et utilise tout un charabia de merde dont la paysannerie, le prolétariat le sous-prolétariat et gens de la classe moyenne en font les frais…
Cet intellectuel est un élément de la société qui a le visage tourné surtout vers l’extérieur ; il a besoin d’être consacré, et s’attend à ce que le colonBlanc de l’international le fasse. Pour cela, il doit faire face à certaines conditions :
- Se taire sur la politique néolibérale, politique criminel en vigueur depuis quarante ans, et laisser libre champ aux tueurs à gage économique, culturel et politique dans le pays. Histoires de se perdre dans des détails et de tourner en rond ;
Et parmi ces haïtiens, nous trouvons en eux un porte-parole de la Banque Mondiale, du FMI en quelque sorte et en ayant l’air habilement de faire aux autres la leçon… Des haïtiens grands interprètes des statistiques à l’occidental et sous le prétexte que c’est l’affaire des experts …
- Penser dans le flou, faire croire en appréhendant une réalité/réel-réalité - à travers les différentes définitions, analyses et divergences dans un domaine, une science par exemple et en bon opportuniste - que rien n’est certain, que tout est spéculation et à l’infinie (méthodologie de vagabondage)…
- Cacher le lien étroit entre pays colonisateurs pays colonisés ou dépendants ; il n’y a pas de capitalisme sans colonies, et il n’y a pas de colonies sans capitalisme… D’où sortent dans la lutte des classes des rapports de domination, d’exploitation, et aussi d’aliénation et d’acculturation…
- Cacher cette guerre de basse intensité menée par les classes dominantes contre le peuple haïtien : la culture de la majorité de la population mise au rencart, la lenteur administrative, l’éclatement de la cellule familiale des classes paysannes, d’une bonne partie de la classe moyenne ; la propagation du sida, du choléra comme outil de guerre ; l’application de la politique néolibérale, économie criminelle dans le pays depuis près de 41 ans (1970-2011) ; les coups d’état, les coups de force, dresser la classe moyenne contre le peuple, dresser les sectes protestants contre le vodou, silence de mort sur les groupes « zenglendo » télécommandées …
- Cacher que le pays a une culture nationale et qu’à l’intérieur de cette culture il y a en fait deux cultures diamétralement opposées : la culture des classes exploiteuses et la culture des classes exploitées du pays.
Beaucoup d’intellectuels refusent de reconnaître et d’admettre que la culture des masses populaires, des masses opprimées, s’est forgée dans le chaos, dans la tourmente de trois génocides, de cinq siècles d’esclavage et à partir d’éléments africains, amérindiens, et européens…
- Etre professeur de langue française assez souvent, dans deux trois oasis coloniaux ou néocoloniaux, pour pouvoir vraiment jouer le jeu des mystificateurs ;
- S’éloigner des discours revendicatifs d’un peuple pourtant martyr (25 à 30 massacres à partir du 7 février 1986), avec sa production, avec sa parole, avec son langage, dans ses interventions publiques, ses points de vue pour bien montrer qu’il est inoffensif donc candidat pour un quelconque prix littéraire national ou international.
C’est ainsi, pendant une trentaine d’années, les revendications du peuple n’ont pas été assumées par les intellectuels du pays. Drôle de comportement. C’est à croire que en Haïti, tout le monde est beau, tout le monde est gentil comme dans livres en folie…

N’oublions pas que depuis le 7 février 1986, la revendication fondamentale du peuple haïtien est de « changer l’Etat ». C’est-à-dire la décentralisation et accès du peuple à la citoyenneté, réforme agraire en résolvant le problème du cadastre, de la propriété, en mettant une justice stable, équitable, accessible à tous, en possédant à la scolarisation du peuple dans toutes ses composantes …
Processus de reforme agraire et création de richesses ayant pour axe la refondation de l’Etat, avec une force armée de paysan-cultivateurs, de paysan-producteurs et aussi de paysan-constructeurs en partie de villages-villes, en accord pour la reconstruction des villes détruites du 12 janvier 2011, en mettant normalement en valeur le culturel de la majorité de la population dans son ensemble avec récupération de ce qui est bon dans le culturel des classes dominantes …
En finir avec les armées de parasites, de consommateurs, de chômeurs dressés contre d’autres chômeurs …
Poursuivons…

- Se confiner dans des revendications petites bourgeoises, et les utiliser comme écrans de fumées pour occulter celles fondamentales de la majorité de la population, celles du peuple haïtien ;
- Se cantonner dans un carrefour ou dans un tout d’ivoire et tenir monopole comme présentateur, conférencier, écrivain, homme de théâtre, éditeur, professeur émérite, un réserviste de la colonisation, ninja, snipper et barrer la route à tout groupe qui se présenterait comme l’élite du peuple Haïtien face à l’élite des classes dominantes du pays.
Jouer à être un notable, un citoyen sans équivoque en faisant de lui-même une référence liée à la bourgeoisie, surtout à la féodalité, et une passerelle culturelle vers les impérialismes américain, et surtout française et canadienne…
Il se targe d’être l’ambassadeur de la culture en pays étranger. Il a la hantise de vouloir faire connaître une autre Haïti, l’Haïti de cette minorité infiniment petit qui n’a jamais rien foutu dans le pays pendant deux siècles, et qui monopolise les avantages et privilèges à leurs seuls intérêts …
- En tête et dans la mémoire, l’intellectuel en générale n’a de souvenirs - de Christophe Colomb le civilisateur aux porteurs de démocratie - que les prétendus bienfaits de l’esclavage et de l’assistanat : l’école coloniale avec sa discipline de fer, ses silences, ses mensonges, son racisme et ses tortures physiques et mentales, son traumatisme, les troubles de sommeil, ses peurs, sa langue française, l’individualisme, le libéralisme, l’hypocrisie, son répertoire de manipulations pour manipuler les autres, la charité chrétienne, le châtiment de dieu, la peur, l’autocensure, ses prophètes de malheur, l’appropriation du mental des autres par la foi des églises catholiques et protestantes, la panoplie de dictateurs et tueurs à gage économiques, le problème d’être mal dans sa peau, le besoin de lait et de nuance dans son café, la malchance de n’être pas blanc, la blancomanie, les produits décolorisants, l’anti vodou, l’anti paysan, l’anti-haïtien, le néolibéralisme, le blocage des forces productives du pays, le mépris, la distance, le dénigrement (haïtien ceci, haïtien cela), le sentiment marassa d’infériorité ou de supériorité, les coups de langue à la RFI, la soumission, l’infantilisation des adultes, les mots d’amour dites en créole, pris pour de la vulgarité dans la sensibilité francophone, et peut-être même avec de la jouissance dans la douleur …
Ah ! Ces prétendus bienfaits de l’esclavage et de l’assistanat !

L’espace diaspora au temps capitaliste par la présence d’infrastructures à gogo :
Dans l’espace diaspora, l’intellectuel est celui qui a la nostalgie de son pays d’origine, qui fait le tout pour s’accrocher aux dernières images qui lui reviennent à l’esprit, et qui souvent est en retard de phases durant de longues années d’absence. A son retour en Haïti, son seul souci est de trouver un job non pas dans l’administration néocoloniale publique du pays dont le paiement se fait en gourde nationale mais dans un ONG qui paie en dollars américains.
Petit bourgeois de retour au pays natal, qui pense tout bas « au pays des tarés et des débiles ».
- Cet intellectuel est plein de son diplôme étranger et dans une attitude de grande gueule, de conquérant qui éblouit l’élève ou l’étudiant qu’il rencontre.
- Ne pouvant être innovant, cet intellectuel déphasé le plus souvent est dans l’obligation et dans la situation de mettre ses pendules à l’heure si jamais il a l’intelligence de le comprendre ;
Beaucoup de ces messieurs sont victimes de la spécialisation à outrance dans les pays du centre, pays colonisateurs, et n’ont pas par conséquent la vue globale qu’il faut dans le domaine et l’espace ou ils ont la prétention d’agir ;
- Dans le double pouvoir installé dans le Pays, ambassade-organismes internationaux-ONG-occupation militaire, il est le plus souvent près à servir une puissance étrangère et contre son propre pays…
- Expert, il entre dans l’ONU.
Comme de ces interfaces africaines, arabes, caribéennes, antillaises, latino-américaines, afro-américaines.
Son utilité est de ne produire que des rapports dans les ONG ou dans le gouvernement, et dans les intérêts des classes dominantes du pays bien entendu.
- Nous ajoutons la plupart des gens de la diplomatie haïtienne, ces diplomates, ces turlututus à forte odeur de parfum que les paysans, prolétaires, étudiants, petits soldats rencontrent au hasard à l’étranger, et qui constatent avec stupéfaction qu’ils ne sont pas représenter…
Et de ces individus ayant sous leur contrôle des églises, des coins d’ambassade, des ONG, des organisations souterrains genre de dérivés du Klux-Klux-Klan et ayant sous le bras une forte odeur de sang et qui a chaque transition dites démocratique font des paysans, des vodourisants passer de la vie à trépas !
Et puis viennent les élections, le moment de renouveler le personnel politique des classes dominantes et de l’impérialisme. C’est à ces périodes - et dans l’espace de l’en dehors, l’espace-ville, l’espace-diaspora - qu’il se souvient des revendications populaires. Et il entre en campagne pour faire des promesses qui n’entrent pas assez souvent dans ses attributions, qu’il sait ne pas pouvoir tenir. Et il parle créole au peuple ; son créole est francisé avec de temps à autre une phrase ou un morceau de phrase française pour faire la différence avec les autres à qui il demande leur vote…
C’est l’opinion de ces individus que nous entendons dans RFI la radio Mondiale créée à l’endroit des pays colonisés et dépendants et mise en place par le colonisateur, avec la complicité des colonialistes …
Et avec le maîtreBlanc, de génération en génération, il croit pouvoir nous imposer à l’infini de ces avenirs dont nous ne voulons pas, …

Ainsi donc, nous le voyons bien, un intellectuel n’est pas forcement un progressiste, il n’est pas forcement du coté de la vérité des peuples encore moins pour arriver à la vérité scientifique. Que d’être un guide éclairé vers la modernité du pays, il préfère se cantonner dans sa féodalité. Avocat, essayiste, sociologue, ethnologue, linguiste, psychologue ou psychiatre, expert, consultant et même producteur de discours, conseiller invisible, antidémocratique dans un cabinet présidentiel ou de premier ministre, il est appelé le plus souvent à servir les classes exploiteuses du pays ainsi que l’impérialisme américain, français, canadien. En tant que colonialiste, féodal des fois jusqu’à l’os, son engagement social s’oriente vers le statut quo, le mensonge, le bluff, le coup bas, l’inquisition, la manipulation …
Si on a pu faire appel à lui, c’est grâce à son intelligence. « Intelligence exceptionnelle »…
Et à la vroum, à la poubelle l’éthique professionnel ! D’un homme en plus qui fait de l’argent, qui entre dans la cour des grands et qui convie et qui impose aux autres, tout un pays de fonctionner et de marcher psychiquement et physiquement non pas à l’avant mais à reculons …

Raynal Trouillot
3 octobre 2011

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