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3. L'anarchisme au Brésil : la perte et la tentative de récupération du vecteur social :

category brésil/guyane/suriname/guinée française | mouvement anarchiste | déclaration de principes author Monday August 06, 2012 20:03author by FARJ - FARJ Report this post to the editors
Anarchisme social et organisation Traduction Française

3. L'anarchisme au Brésil : la perte et la tentative de récupération du vecteur social :

L'anarchisme au Brésil : la perte et la tentative de récupération du vecteur social :
Nous sommes les combattants d'une grande guerre.
Tous les combattants "s'entendent" entre eux pour se battre,
ce qui suppose des "compromis", sans lesquels il ne peut pas y avoir d'unité d'action.
Ceux qui «s'entendent» avec d'autres ne sont plus entièrement maîtres de leur volonté, ils sont tenus par quelques fils à un accord signé.
Si les fils se brisent, l'accord est rompu,
si «vous vous querellez, vous renoncez à la lutte commune»,
vous fuyez la lutte, vous vous éloignez de vos camarades.
José Oiticica
L'anarchisme a émergé au Brésil au XIXe siècle comme un élément déstabilisateur pour l'ordre-, avec une certaine influence sur les révoltes de l'époque - comme ce fut le cas avec l'insurrection de Praieira en 1848- sur l'environnement artistique et culturel ainsi que sur les expériences des colonies agricoles expérimentales à la fin du siècle. La colonie Cecilia (1890-1894) étant la plus connue de ces expériences. Il est fait état de grèves, de journaux ouvriers et des premières tentatives d'organisation des centres de résistance des travailleurs au cours du même siècle.
L'émergence de ce que nous appelons le «vecteur social de l'anarchisme» a commencé au début des années 1890, entrainé par une croissance de l'insertion sociale de l'anarchisme dans les syndicats, qui a culminé dans la deuxième décennie du XXe siècle.
Nous appelons « vecteur social de l'anarchisme » ces mouvements populaires qui ont une influence anarchiste significative- surtout en ce qui concerne leurs aspects pratiques - quelles que soient les secteurs dans lesquels ils se produisent. Ces mobilisations, les fruits de la lutte des classes, ne sont pas anarchistes étant organisées autour des questions de revendications spécifiques. Par exemple, dans un syndicat, les travailleurs luttent pour de meilleurs salaires, dans un mouvement de sans-abri, ils luttent pour le logement; dans un mouvement des chômeurs, ils luttent pour le travail, etc Toutefois, ce sont des espaces pour l'insertion sociale de l'anarchisme qui, par le biais de son influence, confère aux mouvements pratiques les plus combatifs et autonomes l'usage de l'action directe et de la démocratie directe, visant à la transformation sociale. Les mobilisations qui s'expriment dans le vecteur social de l'anarchisme ont lieu au sein des mouvements sociaux, que nous considérons comme des espaces privilégiés pour la pratique et l'accumulation sociale, et non comme une masse destinée à être dirigée.
Au Brésil, le vecteur social de l'anarchisme a commencé à se développer à la fin du XIXe siècle avec la croissance du réseau urbain et de la population dans les villes, et ensuite avec la croissance industrielle qui, bien sûr, s'est accompagné de l'exploitation croissante des travailleurs, victimes de journées épuisantes, de conditions de travail malsaines et des bas salaires dans les usines qui ont également employé le travail des enfants. Avec pour objectif de défendre la classe ouvrière face à ces conditions d'exploitation pratiquement insupportable ont surgi plusieurs organisations syndicales, les émeutes, les grèves et les soulèvements - qui ont tous été de plus en plus fréquents.
L'intensification de la lutte des classes au Brésil a été occasionnée par la grève des cochers de 1900, un certain nombre de grèves en 1903, qui ont culminé dans la grève générale lancé par les tisserands et les soulèvements qui ont abouti à la révolte de Vacina en 1904. En 1903, la Fédération des associations de classe (Federação das Associações de Classe) a été fondée dans l'Etat de Rio de Janeiro. Elle a adopté le modèle syndicaliste révolutionnaire de la CGT française et a ensuite été transférée à la capitale et a été renommée « Fédération Ouvrière régionale Brésilienne » (Federação Operária régional Brasileira - FORB) en 1906, quelque temps après une visite des membres de la Fédération Ouvrière Régionale Argentine (Federación Obrera Regional Argentina - FORA) et une campagne de solidarité avec les travailleurs russes.
En 1904, nous pouvons dire que l'anarchisme pouvait se présenter comme un outil idéologique de la lutte et ce fut, sans aucun doute, le syndicalisme révolutionnaire qui fut responsable du premier vecteur social mis en oeuvre par les anarchistes dans les grands centres brésiliens" [13] . En 1905, à Sao Paulo, des cordonniers, des boulangers, des charpentiers et des chapeliers ont fondé la Fédération Ouvrière de Sao Paulo (Federação Operária de São Paulo-FOSP) et, en 1906, émergea la Fédération Ouvrière de Rio de Janeiro (Federação Operária do Rio de Janeiro - FORJ), ce qui a conduit en 1917 à la formation de l'Union générale des travailleurs (União Geral dos Trabalhadores - UGT) et a réunifié les «syndicats de résistance [c.-à-d militant, combatif]". En 1919, l'UGT est devenue la Fédération des travailleurs de Rio de Janeiro (Federação Trabalhadores dos do Rio de Janeiro - FTRJ) et, en 1923, la FORJ a été refondée.
En Avril 1906, le Congrès Régional Brésilien du travail (Congresso Brasileiro Operário régional), connu plus tard sous le nom de premier Congrès du travail brésilien (Primeiro Congresso Brasileiro Operário), a eu lieu à Rio de Janeiro acceuillant les délégués de plusieurs états brésiliens, représentant diverses catégories. Le Congrès a approuvé son adhésion au syndicalisme révolutionnaire français, l'adoption de la neutralité du travail, du fédéralisme, de la décentralisation, l'anti-militarisme, l'anti-nationalisme, l'action directe et la grève générale. Les deuxième et troisième Congrès ont eu lieu, respectivement, en 1913 et en 1920. En 1908, la Confédération Ouvrière brésilienne (Confederação Operária Brasileira - COB) a été fondée.
Le choix du syndicalisme révolutionnaire s'est produit à travers l'adoption du champ de la mobilisation économique et par la proposition intéressante du fédéralisme, ce qui a permis l'autonomie du syndicat dans la fédération et de celle-ci (la fédération) dans la confédération. Mais aussi du fait de l'influence internationale de l'adoption de ce modèle dans d'autres parties du monde. Les moyens de lutte que constituent la mobilisation autour de questions à court terme servent de «gymnastique révolutionnaire», qui préparent le prolétariat à la révolution sociale.
Les anarchistes espèraient que dans l'action concrète, dans la solidarité, et dans l'observation empirique des contradictions entre capital et travail, mis en évidence dans les conflits, résideraient la grande leçon à tirer par les travailleurs. C'était la garantie, disaient-ils, de l'acquisition de principes idéologiques, et non par le prêche rhétorique ou les manuels théoriques, privés de l'expérience sensible, mais par la pratique de l'action révolutionnaire quotidienne par les masses. [14]
Dans la première décennie du XXe siècle on a dénombré plus d'une centaine de mouvements de grève, qui ont agi, principalement, en ce qui concerne la question des salaires. Au cours des années de 1917 à 1920 plus de deux cents manifestations et grèves ont eu lieu rien qu'à Rio de Janeiro et Sao Paulo. Ce contexte global de mobilisation était largement influencé par les anarchistes, qui ont tenté de mener à bien leur propagande dans les syndicats; sans circonscrire ces derniers dans l'idéologie anarchiste - les syndicats étant pour les travailleurs et non pour les travailleurs anarchistes -, mais en les utilisant pour la propagation de leurs idées.
Tout cette attente placée dans la révolution sociale, qui devenait de plus en plus réelle depuis le milieu des années 1910, a abouti à trois mobilisations pertinentes. Tout d'abord, en 1917, ce qui est maintenant connu sous le nom de « grève générale de 1917 », lorsque les travailleurs de Sao Paulo, dans une large par organisé autour du Comité de Défense Prolétarienne, ont lutté contre la famine, réalisant des actes de sabotage et boycottant les produits des industries Crespi, Matarazzo et Gamba . Parmi les victoires du mouvement de grève on compte la journée de huit heures de travail et des augmentations de salaire gagnées par les secteurs du mouvement. En 1918, les mobilisations ont continué et, à Rio de Janeiro, et l'insurrection anarchiste a eu lieu. Avec des grèves qui ont lieu dans les usines cariocas (de Rio de Janeiro) et les usines Campo de São Cristóvão, occupées par les travailleurs, les insurgés voulaient la réquisition des bâtiments du gouvernement et la mise en place dans la ville du premier soviet de Rio de Janeiro. Enfin, en 1919, le syndicat des ouvrier du batiment civil (União dos Operários em Construção Civil - UOCC) ont connu la plus grande victoire, obtenant la journée de huit heures de travail pour l'ensemble du secteur. En outre, en dehors de Rio de Janeiro et Sao Paulo, des mobilisations importantes ont eu lieu dans d'autres Etats du Brésil: Rio Grande do Sul, Paraná, Santa Catarina, dans le Minas Gerais, Pernambuco, Alagoas, Paraíba, Bahia, Ceará, Pará et d'Amazonas.
Il y avait même un grand mouvement culturel qui a travaillé conjointement avec les mobilisations syndicales et a été très important: les écoles rationalistes inspirés par les principes de (Francisco) Guardia Ferrer et les centres sociaux, les théâtres ouvriers et d'autres initiatives qui ont été fondamentales dans l'établissement d'une culture de classe, un objet d'union dans les moments de lutte.
Il y avait aussi, à ce stade ascendant de la lutte, la formation de deux organisations politiques et idéologiques anarchistes qui ont cherché à travailler avec le mouvement syndical. La première d'entre elle était l'Alliance anarchiste de Rio de Janeiro (Aliança Anarquista de Rio de Janeiro), fondée en 1918 par la nécessité d'une organisation anarchiste pour travailler au sein des syndicats, et qui a joué un rôle important dans l'insurrection de 1918. Cependant, avec la répression qui a eu lieu l'Alliance a été dissoute, l'organisation reprenant au sein du premier Parti communiste, d'inspiration libertaire, fondée en 1919. L'Alliance anarchiste et le Parti communiste regroupaient des membres d'un secteur de l'anarchisme qui s'est appelé "organisationaliste» et qui a considéré comme nécessaire la distinction entre des plans d'action - le plan politique, idéologique anarchiste, et le plan social, celui des mobilisations syndicales. Ces militants considéraient comme nécessaire l'existence d'organisations spécifiques anarchistes agissant de concert avec les syndicats. Il est important de souligner que, à cette époque, les anarchistes se préoccupaient déjà de leur organisation spécifique.
Nous pouvons dire que le vecteur social de l'anarchisme était sur une courbe ascendante jusqu'au début des années 1920, lorsque la crise de l'anarchisme, en parallèle à celle syndicalisme lui-même, a commencé à se développer. Culminant dans les années 1930 dans leur démobilisation et dans la perte de ce vecteur social. Pour nous, la perte du vecteur social de l'anarchisme est le résultat de deux contextes de crise: l'un lié à la situation et l'autre à l'anarchisme lui-même.
Le contexte de crise de la situation a été marqué, d'une part, par la répression à la fois du syndicalisme et de l'anarchisme, que l'on peut constater à travers la troisième révision de la loi Adolfo Gordo de 1921, qui prévoyait la répression et l'expulsion des anarchistes, en plus de la déportation des militants dans la colonie pénitentiaire de Clevelândia, situé dans l'état actuel de l'Amapá, entre 1924 et 1926. Outre cela, il y avait aussi un reflux des luttes sociales à travers le monde et de la frustration à la suite des luttes qui ont survenu après la Révolution russe de 1917. Autre point important, c'était la fin de la Première Guerre mondiale et la reprise d'activité des usines européennes, qui ont repris l'exportation (y compris au Brésil), ce qui a réduit le nombre de travailleurs précaires dans les villes et la croissance du Parti communiste, fondé en 1922, qui a commencé à partir de 1924 à contester fortement les syndicats et à s'allier avec les réformistes, en proposant la participation électorale comme une forme d'expression politique. Enfin, l'intégration des syndicats par l'Etat qui les a légalisé en 1930 et 1931 sous le gouvernement Vargas, a culminé en 1932 lorsque les syndicats ont été obligés, par la loi, à obtenir l'approbation du gouvernement et à suivre les règles de fonctionnement déterminées par l'état.
Le contexte de l'anarchisme a été marquée, surtout, par la confusion entre les différents plans d'activité. Pour beaucoup de militants le syndicalisme, qui était le vecteur social, le moyen d'action qui devrait conduire à une fin - la révolution sociale et la constitution du socialisme libertaire - a fini par devenir une fin en soi. Ce phénomène avait déjà été constaté dans l'anarchisme et a fait l'objet d'un débat acharné, déjà en 1907 au congrès d'Amsterdam, entre Malatesta et Monatte. Monatte, défenseur du «syndicalisme pur», a vu une grande similitude entre le syndicalisme et l'anarchisme et a fait valoir que «le syndicalisme se suffit à lui-même» [15]. Malatesta, avec une position diamétralement opposée, considérait le syndicalisme comme"un champ particulièrement favorable à la propagation de la propagande révolutionnaire et aussi comme un point de contact entre les anarchistes et les masses» [16]. Ainsi, Malatesta fait valoir la nécessité de deux plans d'activité : l'un, politiquement anarchiste, et l'autre, social, au sein du syndicat, qui serait les moyens d'insertion.
Les positions des Malatesta et Monatte résument les positions des anarchistes brésiliens. D'un côté, une partie des anarchistes a défendu la nécessité d'une organisation spécifiquement anarchiste, qui devrait chercher l'insertion sociale dans les syndicats. De l'autre, les anarchistes qui avaient considéré le militantisme au sein des syndicats comme leur seule tâche, et donc "oublié de former des groupes spécifiques capables d'apporter un soutien à la pratique révolutionnaire» [17].
Notre position concernant les événements sociaux du début du XXe siècle est alignée sur celle de Malatesta, qui a été reprise au Brésil par José Oiticica qui, à l'époque, a considéré le manque d'organisations spécifiques anarchistes comme le problème. En 1923, il avait déjà averti du fait que les anarchistes s'étaient eux-mêmes consacré entièrement aux activités des syndicats et avaient renoncé à des activités idéologiques, confondant le yndicalisme, qui était le moyen d'insertion, avec la fin qu'ils voulaient atteindre. Pour lui, il était essentiel de créer "des fédérations anarchistes en dehors des syndicats» [18], tels que l'Alliance de 1918 et le Parti de 1919 qui, en dépit d'être des groupes ou des fédérations de ce type ont été, malheureusement, insuffisants pour la tâche qu'il était nécessaires de réaliser.
Pour Oiticica, comme nous l'avons déjà partiellement mentionné, il était important à ce moment-là de diriger des forces vers la formation de groupes «fermés», avec un programme précis d'action et un engagement tacitement admis par les militants [19]. La «centralisation» des forces anarchistes dans la lutte contre la bourgeoisie, continuait-il, ne doit pas être confondue avec la «décentralisation» typique des organisations libertaires. Il a ensuite défendu deux mesures urgentes pour l'efficacité de l'action anarchiste: "La sélection des militants et la concentration des forces». Et il conclut: «Seul cela nous donnera l'unité d'action". [20]
Nous croyons que l'absence d'organisations anarchistes qui pourraient apporter un soutien à la lutte des classes, exprimé à l'époque de la manière la plus notable par les syndicats, a également été largement responsable de la perte du vecteur social de l'anarchisme. Comme les organisations idéologiques n'ont pas été ancrées, le contexte de crise du syndicalisme s'est finalement étendu à l'anarchisme lui-même. Ainsi, une crise au plan social a également condamné le plan politique, car il n'y avait pas de réelle différence entre les deux.
Pour nous, il est normal que le plan social, représenté à l'époque par le syndicalisme, connaisse des flux et reflux, des moments de développement et de recul, et l'organisation spécifique anarchiste sert précisément à accumuler les résultats des luttes et, parfois, à chercher d'autres espaces pour la pratique, d'autres espaces pour l'insertion. Le problème est que, sans les organisations anarchistes, lorsque le plan social - ou d'un secteur de celui-ci - entre en crise, les anarchistes ne sont pas en mesure de trouver un autre espace pour l'insertion sociale.
Une fois que le vecteur social a été perdu, et sans organisations spécifiques capables de soutenir une lutte idéologique de longue durée, il n'était pas possible pour les anarchistes de trouver immédiatement un autre espace pour l'insertion. [...] Le prestige atteint par l'entrée dans les syndicats, probablement, les a conduit à croire que le potentiel des associations de classe était inépuisable, même supérieure à l'évolution des circonstances. [21]
Ainsi, la crise dans le syndicalisme révolutionnaire a également touché le vecteur social des anarchistes, qui ont ensuite commencé à « s'organiser en groupes culturels et pour la préservation de la mémoire» [22].
***
La Farj prétend poursuivre le militantisme de Peres Idéal et le travail qui a pris naissance de son histoire de lutte. Idéal Peres était le fils de Juan Perez Bouzas (ou João Peres), un immigrant galicien, anarchiste et un cordonnier qui a joué un rôle important dans l'anarchisme brésilien de la fin des années 1910. Il était un militant actif de l'Alliance des Artisans des Chaussures (Aliança dos Artifices em Calçados) et de la Fédération Ouvrière de Sao Paulo (Federação Operária de São Paulo - FOSP), après avoir été actif dans de nombreuses grèves, piquets de grève et manifestations. Dans les années 1930, il a été actif dans la Ligue anticléricale (Liga anticléricale) et, en 1934, il a participé de manière décisive à la bataille de Sé - quand les anarchistes ont repoussé les Integralistas (fascistes), sous des rafales de mitraillette. Les anarchistes, l'année suivante, ont également participé à la formation de l'Alliance nationale libératrice ( Aliança Nacional libertador - ANL), une coordination qui a soutenu la lutte anti-fasciste, la lutte contre l'impérialisme et le féodalisme.
Idéal Peres est né en 1925 et a commencé son militantisme dans ce contexte de crise, lorsque le vecteur social de l'anarchisme avait déjà été perdu. Cela s'est produit en 1946 quand il a participé à la jeunesse libertaire de Rio de Janeiro (Juventude Libertaria do Rio de Janeiro); aux périodiques Ação Direta (action directe) et Archote (Torche); àl'Union anarchiste de Rio de Janeiro (União dos Anarquistas do Rio de Janeiro), au congrès anarchiste (Congresso Anarquistas) qui a eu lieu au Brésil, et à l'Union de la Jeunesse Libertaire Brésilienne (União da Juventude Libertaria Brasileira). Peres Idéal eu une participation pertinente dans le Centre d'études « Professeur José Oiticica » (Centro de Estudos professor José Oiticica - CEPJO), le lieu d'une série de cours et de conférences qui ont utilisé l'anarchisme comme une "trame de fond" et qui a été fermé par le dictateur en 1969, quand Idéal a été emprisonné pendant un mois dans l'ancien ministère de l'ordre social et politique (Departamento de Ordem e Política Social - DOPS), d'abord dans la Base aérienne de Galeao et ensuite dans la caserne de la police militaire sur la route Barao de Mesquita, centre de torture de la dictature militaire. Dans les années 1970, après la prison, Idéal a organisée dans sa maison un groupe d'étude qui avait pour objectif d'intégrer les jeunes intéressés à l'anarchisme et, entre autres choses, de les mettre en contact avec d'anciens militants et d'établir des liens avec d'autres anarchistes au Brésil. Ce groupe d'étude constituerait le noyau du cercle d'étude libertaire (Círculo de Estudos Libertarios - CEL), conçu par Idéal et sa partenaire Esther Redes. Le CEL a fonctionné à Rio de Janeiro de 1985 à 1995, cotoyant (ou intégrant) la formation d'autres groupes comme le Groupe Anarchiste José Oiticica (Grupo Anarquista José Oiticica - Gajo), le Groupe d'action directe anarchiste (Grupo Anarquista Ação Direta - Gaad), le collectif anarchiste étudiant du 9 juillet(Coletivo Anarquista Estudantil 9 de Julho - CAE-9), le groupe Mutirão, en plus de publications telles que Libera... Amore Mio (fondée en 1991 et qui existe encore aujourd'hui ), le magazine L'Utopie (Utopia 1988-1992) et la revue Mutirão (1991). En outre, le CEL a organisé des événements, des campagnes et des dizaines (voire des centaines) de conférences et de débats.
Avec la mort de Idéal Perèsl en Août 1995, le CEL a décidé de lui rendre hommage en modifiant son nom en Cercle d'Etude libertaire Idéal Peres (Círculo de Estudos Libertarios Idéal Peres - CELIP). Le CELIP a assuré la continuité des travaux du CEL, étant responsable du regroupement militant à Rio de Janeiro et poursuivant l'amélioration théorique de celui-ci. En outre, le CELIP a émergé avec la publication de Libera, à travers lequel il a développé des relations avec des groupes à travers le pays et à l'étranger. Il a présenté d'importantes réflexions libertaires sur les questions qui se trouvaient sur l'ordre du jour au Brésil et dans le monde à l'époque, et a servi pour la diffusion des textes et des nouvelles de divers groupes dans le pays. Les conférences et les débats ont continué d'attirer de nouveaux militants, et les relations que certains militants avaient avec la Fédération Anarchiste Uruguayenne (Federación Anarquista Uruguaya - FAU) ont fini par influencer de façon significative le modèle d'anarchisme qui a été mis au point au sein du CELIP. Il a été co-organisateur de la rencontre des étudiants libertaires de l'Etat de Rio de Janeiro (ENELIB) en 1999, a participé à la Réunion internationale de la culture libertaire à Florianopolis en 2000, et a contribué aux activités de l'Institut de la Culture et de l'Action libertaire à Sao Paulo (ICAL). Il a également pris part à la lutte des travailleurs de l'industrie du pétrole, rétablissant des liens entre les anarchistes et les syndicalistes de l'industrie pétrolière - des liens qui remontent à 1992/1993, quand ils ont occupé les bâtiments du QG de Petrobras (Edificio Sede Petrobrás da - EDISE) ainsi que lors de la première occupation d'un batiment «public» après la dictature militaire. En 2001, cette lutte des anarchistes et des travailleurs de l'industrie pétrolière a repris, culminant, en 2003, dans le campement tenu pendant plus de 10 jours par les anarchistes et les travailleurs de l'industrie pétrolière luttant pour l'amnistie des camarades victimes de licenciement politiques. En outre, le CELIP a organisé de nombreuses autres activités.
En 2002, nous avons lancé un groupe d'étude afin d'évaluer la possibilité de la construction d'une organisation anarchiste à Rio de Janeiro, dont le résultat a été la fondation de la Farj le 30 Août 2003. Pour nous, il ya un lien direct entre le militantisme d'Idéal Perès, la construction du CEL, son fonctionnement, le changement de nom en CELIP et la fondation subséquente de la Farj.
Quand nous parlons de la recherche du "vecteur social de l'anarchisme", nous devons nécessairement faire référence aux travaux entrepris par Idéal Peres qui, même dans les années 1980, a commencé à travailler avec les mouvements sociaux en vue de sortir l'anarchisme du domaine strictement culturel auquel il avait été cantonné depuis la crise des années 1930.
Dans la première moitié des années 1980, Idéal et Esther [Redes] ont pris part à un mouvement social, en tant que fondateurs et membres de l'Association des Amis et résidents de Leme (Associação dos Amigos moradores e do Leme - AMALEME). Dans les années 1980 un certain nombre de fédérations de quartier, de favelas (bidonvilles) et d'associations communautaires est apparu à Rio de Janeiro, et Idéal a participé à l'AMALEME, en essayant de la convaincre d'utiliser l'auto-gestion des pratiques et de faire preuve de solidarité avec la communauté des pauvres de la Morro do Chapéu Mangueira. En 1984, Idéal a été élu vice-président de l'association et en 1985 président. Son attention envers les associations de quartier était né dans une autre association, l'ALMA (Association des résidents de Lauro Muller et ses environs), peut-être la première association à démontrer un élan combatif et l'auto-gestion, qui a fini par influencer d'autres associations [23].
La stimulation d'Idéal Peres et le développement même du militantisme à Rio de Janeiro a montré la nécessité concrète de la pratique sociale et de l'insertion des anarchistes, qui s'était approfondie après les contacts que nous avons eues avec la FAU dans le milieu des années 1990. A travers Libera et le contact avec d'autres groupes au Brésil, nous avons soutenu l'initiative de la construction anarchiste brésilienne (ACR) en 1996, la diffusion d'un document intitulé «La Lutte et l'Organisation," qui a cherché à apporter un soutien à la création de groupes organisationnels qui défendent l'idée de l'anarchisme «especifista"(spécifiste). Nous pouvons dire que tout l'anarchisme especifista (spécifiste) au Brésil a été influencée par l'ACR et la FAU elle-même, et il en est de même pour nous.
Depuis lors, l'idée de l'insertion sociale et de la récupération du vecteur n'a cessé de grandir. L'histoire du Brésil et une observation plus stratégique de la propre raison d'être de l'anarchisme nous ont laissé de plus en plus convaincu que l'especifismo était la forme d'organisation anarchiste la plus adapté à nos fins. Pour nous, le chemin vers la récupération des vecteurs sociaux, passe nécessairement, à travers un anarchisme organisé spécifiquement qui différencie les plans d'activité et est présent dans la lutte des classes. Cependant, contrairement au début du XXe siècle, lorsque le terrain de prédilection de la lutte des classes étaient les syndicats, nous considérons maintenant que le syndicalisme peut être un moyen d'insertion, mais qu'il y en a d'autres beaucoup plus important. Comme défini précédemment il existe aujourd'hui une très large classe exploitée qui permet le travail social et l'insertion des anarchistes : les chômeurs, les paysans, les paysans sans terre, etc sans-abri . Pour nous, être bien organisé au plan politique (idéologique) nous permettra de trouver le meilleur chemin pour récupérer ce vecteur social de l'anarchisme, où qu'il puisse être.
Toute notre réflexion actuelle vise à penser à un modèle stratégique d'organisation qui permette une récupération du vecteur social, en cela cela souligne notre objectif de vaincre le capitalisme, l'Etat et de mettre en place le socialisme libertaire. Ce que nous cherchons, dans ce contexte, n'est qu'une étape dans la lutte: comme nous l'avons souligné lors de notre fondation: ". Ici, nous créons la Farj, sans en attendre autre chose qu'une étape du combat, de peur que les rêves justes et profondément beau meurent » [ 24]

Notes:
13. Alexandre Samis. «Pavilhão Negro sobre Pátria Oliva". Dans: Historia do Movimento Operário Revolucionario. São Paulo: Imaginário, 2004, p. 179.
14. Ibid. p. 136.
15. Pierre Monate. "Em Defesa faire Sindicalismo". Dans: George Woodcock Grandes Anarquistas Escritos.. Porto Alegre: LP & M, 1998, p. 206.
16. Errico Malatesta. "Sindicalismo: un Crítica de um Anarquista". Dans: George Woodcock. Op. Cit. p. 207.
17. Alexandre Samis. "Anarchisme,« bolchevismo 'ea Crise faire Sindicalismo Revolucionario ». (Encore inédit).
18. José Oiticica dans une patrie, 22 de Juin 1923.
19. José Oiticica, Fabio Luz et d'autres anarchistes radicalisés à Rio de Janeiro ont pris part à un groupe spécifique d'anarchistes appelé Os Emancipados.
20. Alexandre Samis. "Anarchisme,« bolchevismo 'ea Crise faire Sindicalismo Revolucionario ».
21. Ibid.
22. Idem. «Pavilhão Negro sobre Pátria Oliva". Dans: Historia do Movimento Operário Revolucionario, p. 181.
23. Felipe Corrêa Anarchisme social no Rio de Janeiro:. Breve história da Farj e suas de Origens. Lisboa: CEL / Cadernos d'A Batalha, 2008, p. 25.
24. Farj. «Manifeste de la Fundação".


Sommaire

0. Préface du Traducteur

1. Introduction

2. L'anarchisme social, la lutte des classes et les relations Centre-Périphérie

3. L'anarchisme au Brésil: la perte et la tentative de récupération du vecteur social

4. 4. La société de domination et d'exploitation: le capitalisme et l'Etat

5. 5. Les objectifs finaux: la révolution sociale et socialisme libertaire

6. L’organisation et la force sociale

7. Les mouvements sociaux et l'organisation populaire

8. L'organisation spécifique anarchiste

9. L'organisation spécifique anarchiste: la pratique et l'insertion sociale

10. L'organisation spécifique anarchiste: production et reproduction de la théorie

11. L'organisation spécifique anarchiste: la propagande anarchiste

12. L'organisation spécifique anarchiste spécifique: formation politique, relations et gestion des ressources

13. L'organisation spécifique anarchiste: rapports entre L'organisation spécifique anarchiste et les mouvements sociaux

14. L'organisation Spécifique Anarchiste: La nécessité de la stratégie, de la tactique et du programme

15. L'Especifismo: L'organisation anarchiste, perspectives et influences historiques

16. Notes et conclusion

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