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9. L'organisation spécifique anarchiste : La pratique et l'insertion sociale

category brésil/guyane/suriname/guinée française | mouvement anarchiste | déclaration de principes author Monday August 06, 2012 20:30author by FARJ - FARJ Report this post to the editors
Anarchisme social et organisation Traduction française

9. L'organisation spécifique anarchiste : La pratique et l'insertion sociale

L'organisation spécifique anarchiste :
La pratique et l'insertion sociale
La pratique et l'insertion sociales sont les activités les plus importantes de l'organisation anarchiste spécifique.
Comme nous l'avons déjà soulevé, nous vivons dans une société qui oppose la classe dirigeante et les classes exploitées. Nous rappelons aussi que notre lutte vise la création d'une société sans classes – le socialisme libertaire. Et que le moyen de parvenir à cette nouvelle société, à notre avis, passe par la lutte de mouvements sociaux, leur convergence dans l'organisation populaire et la révolution sociale. À cette fin, tout ce processus doit avoir lieu dans les classes exploitées, qui sont les véritables protagonistes de la transformation sociale que nous préconisons.
Ainsi, si la lutte de l'anarchisme s'oriente vers les objectifs finaux de la révolution sociale et du socialisme libertaire, et si nous considérons les classes exploitées comme les protagonistes de la transformation menant à ces objectifs, il n'y a pas d'autre moyen pour l'anarchisme, que de chercher un moyen d'interagir avec ces classes. Pour cette raison,
l'anarchisme ne peut plus continuer piégé dans les limites de la pensée marginale et revendiqué seulement par quelques petits groupes, dans leurs actions isolées. Son influence naturelle sur la mentalité des groupes humains dans la lutte est plus qu'évident. Pour que cette influence soit consciemment assimilée, il devrait maintenant être en possession de nouveaux moyens et prendre la voie de pratiques sociales dès aujourd'hui. [130]
Dans la lutte de classe les classes exploitées sont toujours en conflit avec la classe dirigeante. Ce conflit peut se manifester d'une manière plus ou moins spontanée, plus ou moins organisée. Le fait est que les contradictions du capitalisme génèrent une série de manifestations des classes exploitées et nous considérons que c'est le meilleur terrain pour planter les graines de l'anarchisme. Neno Vasco, parlant du semeur de graines, a utilisé une métaphore pour dire que les anarchistes doivent planter leurs graines dans les terrains les plus fertiles. Comme nous l'avons déjà souligné, pour nous, ce terrain est le champ de la lutte des classes.
Comme nous avons l'intention de planter nos graines dans la lutte de classe, et parce que nous considérons les classes exploitées comme étant les protagonistes du processus de transformation sociale, nous affirmons que les classes exploités sont essentielles pour atteindre les objectifs finaux de l'anarchisme. Quand nous expliquons ce point de vue nous n'idolâtrons pas ces classes pas plus que nous supposons que tout ce qu'elles font est toujours juste, mais nous soulignons que leur participation dans le processus de transformation sociale est absolument central. Par conséquent, nous anarchistes, «devons toujours être avec le peuple" [131].
La manière dont l'organisation spécifique anarchiste cherche l'interaction avec les classes exploitées passe par ce que nous appelons la pratique sociale1. La pratique sociale est l'activité que l'organisation anarchiste réalise eu sein de la lutte des classes, ce qui amène l'anarchisme à interagir avec les classes exploitées. La pratique sociale donne au plan politique de l'anarchisme un plan social, un corps sans lequel l'anarchisme est stérile. Grâce à la pratique sociale l'anarchisme est capable de réaliser sa fonction d'être un moteur pour les luttes de notre temps. La pratique sociale de l'organisation anarchiste se produit de deux façons: 1.) Avec la pratique en cours au sein des mouvements sociaux existants et 2) Avec la création de nouveaux mouvements sociaux..
Depuis notre fondation, nous avons considéré les mouvements sociaux comme étant le terrain de prédilection pour notre activité, tel que l'énonce notre Charte de principes quand nous affirmons: «la Farj propose de travailler - immédiatement et sans inter-médiation - dans le sens d'intervenir dans les diverses réalités qui composent l'univers des mouvements sociaux »[132]. Comme nous l'avons mentionné ci-dessus, nous considérons les mouvements sociaux comme le résultat d' "un trépied constitué par la nécessité, la volonté et l'organisation.
" Ainsi, les anarchistes organisés doivent chercher à stimuler le désir et l'organisation d'un mouvement qui se fonde principalement sur les besoins des classes exploitées. Celles-ci, dans la plupart des cas, sont démobilisés par le fait de «ne pas avoir le sens de leurs droits, ni foi dans leur force, et comme ils n'ont pas ce sentiment, ni cette foi, […] ils demeurent, depuis des siècles, des esclaves impuissants" [133].

Dans ce processus de mobilisation, nous devons encourager ce sens et cette foi. Dès lors, la question de la nécessité devient centrale parce que c'est grâce à cela que la mobilisation se produit. Rares sont ceux qui sont prêts à se battre pour une idée qui ne fera que porter des résultats à long terme. Par conséquent, pour mobiliser les gens, nous devons, avant toute autre chose, faire face à des questions et des problèmes concrets qui les affectent et sont proches d'eux. Pour gagner leur confiance et le respect
[...] Nous devons commencer à parler avec eux, non pas des maux généraux de l'ensemble du prolétariat international, ni des causes générales qui leur donnent naissance, mais de leurs malheurs particuliers, quotidiens et personnels. Il est nécessaire de leur parler de leur profession et des conditions de leur travail, précisément dans la localité dans laquelle ils habitent; de la durée et la vaste étendue de leur travail quotidien, de l'insuffisance de leur salaire, de la méchanceté de leur patron, de la pénurie de nourriture et de leur incapacité à bien nourrir et éduquer leur famille. Et en leur proposant les moyens de lutter contre leurs malheurs et d'améliorer leur position, il n'est pas nécessaire de parler trop vite des objectifs généraux et révolutionnaire. [...] Dans un premier temps, il est seulement nécessaire de leur offrir des objectifs que leur sens naturel commun et leur expérience quotidienne ne peut pas ignorer, ni repousser . l'utilité [134]
De la même manière, dans le processus de mobilisation, on peut poser la question des personnes n'ayant pas d'emploi, n'ayant pas d'endroit pour vivre, etc. Par conséquent, le rôle de l'organisation anarchiste est d'expliquer quels sont les besoins et de mobiliser autour d'eux. Que ce soit dans la création de mouvements sociaux ou dans le travail avec les mouvements existants l'idée centrale est toujours de se mobiliser autour des besoins.
Les mouvements sociaux sont les situations dans lesquels la mobilisation des classes exploitées prend place et, par conséquent, ce sont ces mouvements qui les amènent à avoir une pratique politique. Leur pratique politique se développe à travers «une activité qui a pour objet la relation [de confrontation] des exploités et des opprimés avec les organes du pouvoir politique, l'état, le gouvernement et leurs diverses expressions" [135] en plus d'autres organismes de soutien du système capitaliste. La pratique politique vise à amener le peuple à affronter les forces du système qui l'opprime et, par conséquent, incite à la confrontation face à ces forces, à "la défense et à l'expansion des libertés publiques et individuelles, à la capacité à formuler des propositions qui correspondent aux intérêt généraux de la population ou à des aspects partiels de celle-ci. " La pratique politique peut aussi être «l'insurrection comme exemple de questionnement violent d'une situation que nous voulons changer [... et aussi] les propositions qui, partant des revendications populaires qui font face aux organes du pouvoir, peuvent présenter des solutions à des questions générales et spécifiques et requièrent que ces organes soient en mesure de les adopter et de les rendre valides pour l'ensemble de la société ".
Grâce à leur pratique politique les mouvements sociaux doivent imposer toutes leurs conquêtes aux forces du capitalisme et à l'État. Les gens eux-mêmes doivent exiger, appliquer et réaliser toutes les améliorations, les conquêtes et les libertés désirées comme il l'est jugé nécessaire, par les moyens de l'organisation et de la volonté. Ces demandes doivent être permanentes et augmenter progressivement, demandant toujours plus et recherchant la pleine émancipation des classes exploitées.
Quelles que puissent être les résultats concrets de la lutte pour des améliorations immédiate, leur utilité principale réside dans la lutte elle-même. Parce que les travailleurs apprennent à défendre leurs intérêts de classe, qu'ils comprennent que les employeurs et les gouvernements ont des intérêts opposés aux leurs, et qu'ils ne peuvent pas améliorer leurs conditions, encore moins s'émanciper, si ce n'est en se joignant les uns aux autres et en se rendant plus forts. [...] S'ils peuvent obtenir ce qu'ils veulent, ils vivront mieux. Ils gagneront plus, travailleront moins, auront plus de temps et d'énergie pour réfléchir sur les choses qui les intéressent, et ils vont soudainement ressentir plus de besoins et de désirs. Si ils n'ont pas réussi, ils seront poussés à étudier les causes de leur échec et de reconnaître la nécessité d'une plus grande unité, une énergie accrue, ils vont comprendre, enfin, que pour gagner, en toute sécurité et sans aucun doute, il est nécessaire de détruire le capitalisme. [136]
La pratique politique des mouvements sociaux traduite dans la lutte pour des gains à court terme a une portée pédagogique, renforçant la conscience accrue des militants, dans le cas de victoires ou même de défaites.
La pratique politique de l'organisation spécifique anarchiste fonctionne de la même manière. Nous avons dit précédemment que nous considérons l'anarchisme comme une idéologie et, dans ce cas, "un ensemble d'idées, de motivations, d'aspirations, de valeurs, une structure ou un système de concepts qui ont un lien direct avec l'action -. Que nous appelons la pratique politique" La pratique sociale est la partie principale de la pratique politique de l'organisation anarchiste qui, dans ce cas, interagit avec les classes exploitées organisés en mouvements sociaux, sortant l'anarchisme de son isolement dans de petits cercles et implantant largement ses idées au sein de la lutte des classes.
Outre cela, la pratique sociale de l'organisation spécifique anarchiste ne doit pas se contenter d'interragir avec les mouvements sociaux mais doit chercher à les influencer dans la pratique, les poussant à avoir certaines caractéristiques de fonctionnement. Nous appelons le processus consistant à influencer les mouvements sociaux à travers la pratique anarchiste l'insertion sociale . Ainsi, l'organisation anarchiste a une pratique sociale lorsqu'elle crée ou développe une pratique au sein mouvements sociaux et une insertion sociale quand elle parvient à influencer les mouvements avec les pratiques anarchistes.
L'insertion sociale n'est pas destinée à "ideologiser" mouvements sociaux, en les transformant en des mouvements anarchistes sociaux. En revanche, elle cherche à leur donner certaines caractéristiques déterminées afin qu'ils puissent procéder à la construction et au développement de l'organisation populaire, et s'orienter vers la révolution sociale et le socialisme libertaire. elle cherche à faire aller les mouvements sociaux aussi loin que possible.
Nous ne voulons pas "attendre que les masses deviennent anarchistes", afin de faire la révolution, et plus encore, nous sommes convaincus qu'elles ne deviendront jamais (anarchistes) si, au départ, nous ne renversons pas, dans la violence, les institutions qui les maintiennent dans l'esclavage. Comme nous avons besoin de l'assentiment des masses pour construire une force matérielle suffisante, et pour atteindre notre objectif spécifique qui est le changement radical de l'organisme social à travers l'action directe des masses, nous devons nous rapprocher d'elles, les accepter telles qu'elles sont et, comme partie prenante des masses, les faire aller aussi loin que possible. Ceci parce que nous voulons, bien sûr, travailler effectivement pour réaliser, dans la pratique, nos idéaux et de ne pas se contenter de prêcher dans le désert, pour la simple satisfaction de notre orgueil intellectuel. [137]
Nous rappelons que nous avons fait valoir que c'est l'idéologie qui devrait intégrer les mouvements sociaux, et non les mouvements sociaux qui devraient s'intégrer à une idéologie. L'organisation spécifique anarchiste interagit avec les mouvements sociaux, cherchant à les influencer de manière à ce qu'ils aient les formes les plus libertaires et égalitaires possible. [138] Bien que nous traitons les mouvements sociaux et l'anarchisme comme différents plans d'activité, nous croyons qu'il existe une relation d'influence mutuelle entre les deux.
Cette relation complémentaire et dialectique a pour conséquence le fait que l'anarchisme influence les mouvements sociaux, et que les mouvements sociaux influencent l'anarchisme.
Quand nous traitons de l'insertion sociale, nous parlons de l'influence de l'anarchisme au sein des mouvements sociaux. Dans cette perspective, bien que nous défendions une séparation entre le plan politique (l'organisation anarchiste) et le plan social (les mouvements sociaux), nous ne pensons pas qu'il devrait y avoir une hiérarchie ou une domination du plan politique sur le plan social. Nous ne croyons pas non plus que le plan politique se batte « pour» le plan social ou « à sa tête », mais avec lui -ceci étant une relation éthique. Dans son activité comme minorité active l'organisation spécifique anarchiste lutte avec les classes exploitées et non « pour » ou « à sa tête », considérant que « nous ne voulons pas émanciper le peuple, nous voulons qu'il s'émancipe »[ 139]. Nous discuterons plus loin, de manière un peu plus détaillée, de cette relation entre l'organisation spécifique anarchiste et les mouvements sociaux.
Lorsque nous traitons de l'insertion sociale comme de l'influence que l'organisation spécifique anarchiste exerce sur les mouvements sociaux, nous considérons qu'il est important que nous développions un peu plus ce que nous entendons par « influence ». Influencer, pour nous, veut dire entrainer des changements chez une personne ou un groupe de personnes à travers la persuasion, des conseils, des exemples, des perspectives stratégiques, des points de vue et des pratiques.
Tout d'abord nous pensons que dans la société elle-même il y a, à un moment donné, une multiplicité d'influences entre les différents agents qui influencent et sont influencés. On peut même dire que «renoncer à exercer une influence sur les autres, c'est renoncer à l'action sociale, ou même à l'expression de ses propres pensées et sentiments, ce qui est [...] tendre vers l'inexistence» [140]. Même dans une perspective anti-autoritaire, cette influence est inévitable et saine.

Dans la nature comme dans la société humaine, laquelle fait partie de la nature, chaque être humain est prédéterminé pour intervenir de la manière la plus positive dans la vie des autres - intervenir de la manière la plus puissante possible selon la nature particulière de chaque individu. Rejeter cette influence réciproque est mortifère. Et lorsque nous demandons la liberté pour les masses, nous n'avons pas la prétention d'avoir aboli l'influence naturelle exercée sur elles par tout individu ou groupe d'individus. [141]
Dans les travaux pratiques l'influence doit découler des caractéristiques que nous cherchons à donner aux mouvements sociaux. Auparavant, lorsqu'il s'est agit de mouvements sociaux et de l'organisation populaire, nous avons discuté de ces caractéristiques plus en détail. Donc, nous ne les détaillerons pas une nouvelle fois à ce point de la discussion. Nous ne faisons que souligner, une fois de plus et brièvement, quelles sont les caractéristiques que nous devons soutenir dans les mouvements sociaux. Elles sont les suivants: la force, la lutte des classes, la combativité, l'autonomie, action directe, démocratie directe et perspective révolutionnaire.
Les mouvements sociaux doivent être forts, sans tomber dans une idéologie, car imposer la cause de l'anarchisme aux mouvements sociaux "ne reviendrait qu'à une absence totale de pensée, d'objectif et de conduite commune, et [...] entraînerait nécessairement, une impuissance commune "[142]. Ils devraient avoir une orientation lutte de classe et une ligne de classe, ce qui signifie rechercher une large participation des classes exploitées et soutenir la lutte des classes, ils devraient être combatifs, établissant leurs conquêtes par l'imposition de leur force sociale, ils devraient être autonomes par rapport à l'État, aux partis politiques, aux syndicats bureaucratiques, à l'église, ou tout autre organisme bureaucratique et/ou autoritaire, en prenant leurs décisions et en agissant par eux mêmes.
En outre, ils doivent utiliser l'action directe comme une forme d'action politique, en opposition à la démocratie représentative. «Fondamentalement, il s'agit de donner la priorité au protagonisme des organisations populaires, luttant pour qu'il y ai le moins de médiation possible et veillant à ce que la médiation nécessaire n'entraîne pas l'émergence de différents centres de décision séparés de ceux qui sont concernés" [143]. Les mouvements sociaux doivent également utiliser la démocratie directe comme méthode de prise de décision, qui prend place dans des assemblées horizontales dans lesquelles tous les militants décident de manière effective, de façon égalitaire. La démocratie directe ne laisse pas d'espace à «quelque sorte de privilège que ce soit, qu'il soit économique, social ou politique, [... et constitue] un cadre institutionnel où la révocabilité des membres est immédiatement assurée et où, par conséquent, il n'y a pas de place pour l'habituelle irresponsabilité politique qui caractérise la démocratie représentative "[144]. Enfin, la perspective révolutionnaire, "devrait être introduite et développée (...)[dans les mouvements sociaux] par le travail constant de révolutionnaires qui oeuvrent en (leur) sein ainsi qu'en dehors, mais elle ne peut être la manifestation naturelle et normale de leur fonction» [145].
L'insertion sociale de l'organisation spécifique anarchiste dans les mouvements sociaux qui se produit grâce à l'influence doit s'orienter, dans un deuxième temps, vers la convergence des luttes et la création de l'organisation populaire, en cherchant en permanence à accroître leur force sociale.
Pour mener à bien la pratique sociale et l'insertion l'organisation anarchiste doit prêter attention à certaines questions.
La mobilisation doit avoir lieu principalement à travers la pratique, car c'est au coeur de la lutte que les gens remarquent qu'ils peuvent gagner de plus en plus. Beaucoup plus que parler, nous devons enseigner à travers la pratique, par l'exemple; ce qui est "mieux que les explications verbales que [le travailleur] reçoit de ses camarades; il prend conscience de tout par sa propre expérience personnelle, désormais indissociable et unie à celle des autre membres "[146]. Il est très important pour nous de constater que le processus de mobilisation et d'influence passe, au-delà des aspects objectifs de la lutte, à travers des aspects subjectifs. Notre pratique a montré que, dans le but de mobiliser et d'influencer les mouvements sociaux, il est très important d'utiliser non seulement les aspects rationnels et objectifs, mais aussi les aspects émotionnels et subjectifs, qui sont les liens affectifs et les amitiés ou les relations qui sont naturellement construits au sein des luttes. Il est également important d'identifier les personnes dans les quartiers, communautés, mouvements , syndicats, etc qui ont une influence sur les autres (les meneurs locaux orientés vers la base et légitimés par elle) et concentrer les efforts sur eux. Ces personnes sont très importantes pour aider à la mobilisation de la base, pour donner un potentiel à l'influence anarchiste, ou même pour s'intégrer dans les groupements de tendance. Faite de cette manière, la mobilisation finit par fonctionner comme une sorte de «conversion»; il est important de noter que
[...] Vous ne pouvez convertir que ceux qui se sentent le besoin d'être convertis, ceux qui ont déjà dans leurs instincts ou dans les misères de leur position, soit extérieure soit intérieure, tout ce qu'on veut leur donner; vous ne convertirez jamais ceux qui ne sentent pas la nécessité d'un changement, pas même ceux qui, désireux de quitter une position dont ils sont mécontents, sont poussés, par la nature de leurs habitudes morales, intellectuelles et sociales, à rechercher une position dans un monde qui ne correspond pas à vos idées. [147]
Dans ce processus de mobilisation l'organisation spécifique anarchiste doit toujours, quoi qu'il arrive, agir de manière éthique, en essayant de ne pas vouloir établir des relations de hiérarchie ou de domination avec les mouvements sociaux; de dire la vérité et de ne jamais tromper le peuple, et toujours soutenir la solidarité et l'aide mutuelle vis à vis des autres militants. De même, elle devrait avoir une posture positive, en cherchant à construire des mouvements et les amener à aller de l'avant et ne pas se contenter de présenter des positions critiques.
Même lorsque les positions de l'organisation anarchiste ne sont pas majoritaires, elles doivent être assumées, rendant clairs les points de vue qu'elle défend. Lorsqu'elle entre en contact avec des mouvements hiérarchiques l'organisation anarchiste doit toujours garder à l'esprit que ce qui l'intéresse, c'est toujours la base des mouvements sociaux. Par conséquent, pour tout type de travail, l'organisation devrait toujours aborder non pas les dirigeants et ceux qui détiennent les structures de pouvoir des mouvements sociaux, mais les militants de base, qui sont généralement opprimés par la direction et forment la périphérie et non les centres des mouvements.
Une autre question qui doit être observé, c'est que les militants de l'organisation spécifique anarchiste doivent être très familier avec l'environnement dans lequel ils agissent, maintenant une présence constante dans les mouvements sociaux dans lesquels ils envisagent de réaliser dans la pratique sociale. La connaissance du «terrain» sur lequel on opère est essentiel pour savoir quelles sont les forces politiques en jeu, qui sont les alliés potentiels, qui sont les adversaires, où résident les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces. Une présence constante est importante pour que les militants anarchistes soient pleinement intégrés par les autres militants des mouvements sociaux, de manière à ce qu'il aient la reconnaissance, la légitimité, soient écoutés, soient recherchés, soient des gens bienvenus.
Dans un cadre stratégique, nous pouvons considérer que l'organisation spécifique anarchiste doit effectuer la pratique sociale, car «comme anarchistes et comme travailleurs, nous devons inciter et encourager les [les travailleurs] à lutter, et lutter avec eux» [148]. Incitant et encourageant les gens, nous devons chercher l'insertion sociale et veiller à ce que les mouvements sociaux fonctionnent de la manière la plus libertaire et égalitaire possible. Avec l'insertion sociale dans les mouvements sociaux, nous devons faire converger les luttes et construire l'organisation populaire. Ainsi nous serons en mesure de stimuler l'accroissement permanent de la force sociale et préparer les classes exploitées pour la révolution sociale, parce que «notre objectif est de préparer le peuple, moralement et matériellement, pour cette expropriation nécessaire; il est d'essayer et d'essayer encore, autant de fois que l'agitation révolutionnaire nous donne l'occasion de le faire, jusqu'à la victoire finale »[149], avec la mise en place du socialisme libertaire. Nous pouvons dire, alors, que la fonction de l'organisation spécifique anarchiste dans sa pratique et son insertion sociale est d'être le «moteur des luttes sociales. Un moteur qui ne s'y substitue ni ne les représente" [150]. Nous pensons qu'il possible de construire ce moteur «participant de manière militante aux luttes quotidienne des mouvements populaires en activité, dans un premier temps, au Brésil, en Amérique latine et en particulier à Rio de Janeiro." [151]
Notes:
130. Nestor Makhno. «Notre organisation». Dans: Organisation et l'anarchie, p. 32.
131. Errico Malatesta. "Programa Anarquista." Dans: Ecrits Revolucionários, p. 23.
132. Farj. "Carta de principios."
133. Bakounine. "Certaines conditions de la révolution». Dans: Conceito de Liberdade, p. 127.
134. Idem. «L'éducation militante." Dans: Conceito de Liberdade, pp 145-146.
135. FAU. "Declaración de principios." Les citations de ce paragraphe sont tirées de ce même document.
136. Errico Malatesta. "Programa Anarquista." Dans: Ecrits Revolucionários, p. 18.
137. Idem. "Le but de la Révolution." Dans: anarchistes, socialistes et communistes, P. 55.
138. Dans "Em Torno de Nosso Anarchisme," Malatesta souligne: "Provoquer, dans la mesure du possible, le mouvement, en y participant de toutes nos forces, en lui donnant un caractère plus égalitaire et libertaire, c'est à dire, soutenir toutes les forces progressistes; défendre ce qui est mieux quand vous ne pouvez pas obtenir le maximum, mais en gardant toujours très clair notre caractère anarchiste "[nous soulignons] Voir Escritos Revolucionários, p. 80.
139. Errico Malatesta. "L'Organisation des masses laborieuses ...". Dans: Ecrits Revolucionários, p. 40.
140. Bakounine. «La liberté et l'égalité." Dans: GP Maximoff (ed.). Écrits de vol philosophie politique. II. Madrid: Alianza Editorial, 1990, p. 9.
141. Ibid.
142. Idem. "La tactique et la discipline du parti révolutionnaire." Dans: Conceito de Liberdade, p. 192.
143. FAU. "Declaración de principios."
144. Ibid.
145. Errico Malatesta. "Los Movimientos Obrero y los anarchistes». Extrait de la Nouvelle-Umanità, Avril 6, 1922. Dans: Vernon Richards. Op. p. 114.
146. Bakounine. «L'éducation militante." Dans: Conceito de Liberdade, p. 146.
147. Ibid. «Les travailleurs, paysans et intellectuels bourgeois». Dans: Conceito de Liberdade, p. 110.
148. Errico Malatesta. "Programa Anarquista." Dans: Ecrits Revolucionários, p. 18.
149. Ibid. p. 17.
150. FAU. "Declaración de principios."
151. Farj. "Carta de principios."


Sommaire

0. Préface du Traducteur

1. Introduction

2. L'anarchisme social, la lutte des classes et les relations Centre-Périphérie

3. L'anarchisme au Brésil: la perte et la tentative de récupération du vecteur social

4. La société de domination et d'exploitation: le capitalisme et l'Etat

5. Les objectifs finaux: la révolution sociale et socialisme libertaire

6. L’organisation et la force sociale

7. Les mouvements sociaux et l'organisation populaire

8. L'organisation spécifique anarchiste

9. L'organisation spécifique anarchiste: la pratique et l'insertion sociale

10. L'organisation spécifique anarchiste: production et reproduction de la théorie

11. L'organisation spécifique anarchiste: la propagande anarchiste

12. L'organisation spécifique anarchiste spécifique: formation politique, relations et gestion des ressources

13. L'organisation spécifique anarchiste: rapports entre L'organisation spécifique anarchiste et les mouvements sociaux

14. L'organisation Spécifique Anarchiste: La nécessité de la stratégie, de la tactique et du programme

15. L'Especifismo: L'organisation anarchiste, perspectives et influences historiques

16. Notes et conclusion

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