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Entretien avec une anarchiste de la ville de Perm sur le mouvement des « marchés absolument libres »

category russie / ukraine / biélorussie | luttes dans la communauté | entrevue author Tuesday August 28, 2012 16:27author by Blogue du Collectif Emma Goldman - UCL Report this post to the editors

La dame de fer du néolibéralisme, Margaret Thatcher, affirmait qu’il n’y avait pas d’alternatives en matière d’économie. Pourtant des expériences mettant en pratique des formes d’économie alternatives égalitaires se propagent depuis avec beaucoup de vivacité pour répondre aux besoins grandissants par l’appauvrissement. Des activistes subvertissent l’échange et la consommation par la gratuité et l’auto-organisation. À travers l’entrevue qui suit, sur les questions du blogue du Collectif Emma Goldman (UCL), une camarade anarchiste russe de la ville de Perm, décrira le phénomène en expansion des « marchés absolument libres », et expliquera quelques dynamiques de son milieu anarchiste local. Questions et réponses intégrales (traduites de l’anglais).


Entretien avec une anarchiste de la ville de Perm sur le mouvement des « marchés absolument libres »


Perm est un grand centre industriel de Russie, de près d’un million d’habitantes et habitants, tout juste au pied des monts Oural qui marquent traditionnellement une limite naturelle entre l’Europe et l’Asie. Pouvez-vous premièrement nous dresser un bref portrait du milieu local anarchiste et antiautoritaire de Perm et ce (groupes, lieux, sous-cultures) autour de quoi il est concentré?

- Perm est considéré plus libéral et libertaire que d’autres villes russes de province puisqu’il s’y trouve plusieurs activistes actifs et actives pour la défense des droits humains et plusieurs organisations sans but lucratif actives; les autorités locales sont plus ouvertes aux changements et à la coopération, une police plus « calme ». La communauté antiautoritaire active de Perm n’est pas très grande, elle est composée d’un noyau d’environ 10 à 15 personnes, et près de 30 personnes gravitent autour. Mais il est pas mal difficile de dire si nous sommes réellement anarchistes, puisque la plupart des gens qui prennent part à ces activités ne diront pas qu’ils ou elles le sont (certains et certaines sont communistes, apolitiques, antifascistes, hippies, etc.) mais elles sont actives et ils sont actifs et font plein de choses considérées anarchistes.

Un mouvement de « Freemarkets » (фримаркет) semble présentement s’étendre dans de nombreuses villes de Russie. Solnetchnogorsk, Kirov, Magnitogorsk, Perm, Tioumen, Tcheliabinsk, Nijni Novgorod, Saint-Pétersbourg, etc. Bourses d’échange et vide-greniers temporaires où les gens apportent des marchandises plus nécessaires et de la nourriture pour partager librement en une place commune et « prendre au tas », pour reprendre une expression de Kropotkine. C’est basé sur une forme d’économie du don qui présente pas mal de similitudes avec les Food not bombs. De quelle « graine » ce mouvement émerge t-il tant – est-ce plus ou moins connecté avec d’autres initiatives anarchistes?

- Dans la plupart des villes, le mouvement « freemarket » fut vraiment initié par des groupes anarchistes. Dans d’autres endroits, il a été repris par de jeunes hipsters ou des communautés sous-culturelles comme une initiative populaire et amusante sans aucun sens d’anarchisme. Nous pensons fortement que le vrai succès que ce mouvement a, est dans ces dernières où les freemarkets ne sont pas promus et positionnés comme « véritables initiatives anarchistes » mais comme activités locales qui aident les gens ordinaires à avoir ce qu’ils et elles ont besoin et construire une communauté. Ça enseigne aux gens, par la pratique, comment l’anarchisme peut fonctionner. Par exemple, dans des villes comme Kirov, où l’activité est positionnée comme anarchiste, seuls des groupes de jeunes des milieux sous-culturels visitent leur freemarket et ça prend des apparences de drôle de fête pour les gens étranges. Nous tentons de le rendre aussi utile et facile à comprendre pour les gens que possible, ainsi nous le nommons même ici, en russe, « Marché absolument libre » (Абсолютно бесплатная ярмарка) à la place du mot anglais « Freemarket ».

La gratuité apparait en quelque sorte comme une subversion des procès économiques capitalistes, particulièrement apparente quand les gens sont pris d’étonnement de ne pas payer aux points de distribution. La société inculque dès le jeune âge : « travaille, consomme et ferme ta gueule » à ses futur-e-s travailleurs et travailleuses. Crois-tu que les « Marchés absolument libres » ont un potentiel d’émancipation pour les individus et les communautés?

- Ça permet surement d’amener les gens à croire que les choses peuvent être faites sans payer. Nous sentons qu’aujourd’hui quelqu’un obtient quelque chose qu’il ou elle a besoin au freemarket, et demain il ou elle sera davantage capable de faire ce genre de choses gratuitement. Beaucoup de gens n’ont pas cru que nous faisions cela sans aucun bénéfice, mais après qu’ils et elles aient vu le tout par eux et elles-mêmes, ils et elles changent d’opinion. Malheureusement, nous avons toujours quelques personnes qui tentent de tirer bénéfice de la gratuité, alors ils et elles passent tout leur temps au freemarket en tentant de prendre autant de « bonnes » choses que possible, en ne prenant pas part aux autres activités autour d’eux et d’elles. C’est notre problème toujours irrésolu. Nous tentons de leur parler, mais nous avons toujours le même problème. Nous tentons de persuader les gens de faire des freemarkets par eux et elles-mêmes dans leurs quartiers, leurs maisons, leurs bureaux, leurs communautés (ou simplement de faire des étagères de livres gratuits ou des « boîtes de gratuité »), et parfois nous obtenons des réponses.

Les menaces et provocations de la droite radicale et fasciste et de l’arbitraire policier sont des réalités auxquels beaucoup d’activistes sont confronté-e-s en Russie et à l’étranger. Quel défi est-ce que ça représente pour les freemarkets des différentes villes?

- Les fascistes et la police sont problématiques, mais pas pour les freemarkets. Étant positionnés comme quelque chose de populaire, et ils voient que ce l’est, c’est pourquoi je crois que tout est ok. Juste parce que s’ils provoquaient la fermeture d’activités si paisibles et si charitables, cela attirerait beaucoup d’attention et aurait beaucoup d’échos.

Quels sont les impacts locaux de la répression « antiextrémiste » vécue par les activistes antifascistes et la contestation radicale contre Russie Unie?

- Dans notre région, nous n’avons pas de problèmes avec les répressions antiextrémistes, mais dans la province voisine, Tioumen, notre ami Andrey Kutuzov, a de sérieux problèmes en raison de ses opinions. Je crois que c’est aussi en raison de l’environnement plus libéral ici.

Dans le travail domestique, une certaine économie du don se vit souvent par les femmes dans le cadre de rôles de genre et de distributions des tâches fortement inégales, exploitant leur force de travail à coût nul. Comment évalues-tu le niveau de conscience quant aux rapports de genre et au patriarcat dans les freemarkets?

- La majorité des gens qui visitent les freemarkets sont des femmes, puisqu’elles sont plus intéressées dans les vêtements et les différents items utiles à la maison, qui sont les choses les plus souvent échangés dans les freemarkets. Dans la génération plus jeune autour de mon âge (17-25), une partie des hommes et des femmes ont des rapports égalitaires.

Et finalement, comment évalues-tu l’impact, puis la diffusion rapide de groupes radicaux d’artistes contestataires comme Война (Voina) et Pussy Riot?

- Je crois qu’ils et elles sont cool et ont un fort impact. Elles et ils nous permettent de sentir que nous pouvons faire des choses très fortes et très étranges dès maintenant et simplement. Elles et ils poussent pour que les gens se réveillent. Je suis vraiment fâchée que les filles soient emprisonnées.

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