L’enquête sur le massacre des trois militantes kurdes à Paris

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Tuesday January 22, 2013 00:33

by Fédération des Associations Kurdes de France - FEYKA

est menée à l’ombre de la coopération Franco-turque

Certaines informations divulguées par les medias sur le massacre de trois militantes kurdes à Paris éveillent des doutes sérieux au sein de la communauté kurde quant à l’impartialité de l’enquête policière.

Le matin qui suivit le crime (10 janvier 2013), alors qu’aucune information n’avait encore été divulguée sur le sujet, le représentant de l’AKP Hüseyin Çelik annonçait déjà la direction vers laquelle allait évoluer l’enquête, en définissant ainsi le crime qui venait d’être commis : “exécution au sein de l’organisation”.

Malgré l’évidence de la nature politique de ce crime dont le but est d’empêcher la résolution pacifique de la question kurde, les informations diffusées surtout par les médias français et turcs – informations qui fondées sur les déclarations de la police et des responsables français, mettent entièrement à l’écart toute possibilité d’implication de la Turquie et désignent les Kurdes comme suspects – n’ont jamais remises en cause, ce qui ne fait qu’approfondir nos doutes.

Voici deux exemples concrets parlants :

Le 10 janvier 2013, Le Figaro écrit que : ‘Selon nos informations, les enquêteurs ne croient pas à la thèse d'un triple homicide orchestré en France par les services secrets turcs et explorent davantage la piste interne au PKK. «Je vois mal l'État turc monter ce type d'opération en France, confie un policier spécialisé. La coopération policière et judiciaire est l'un des domaines où Paris et Ankara s'entendent le mieux. Des échanges d'informations ont lieu entre les magistrats antiterroristes de la galerie Saint-Eloi et leurs homologues en Turquie. Dans ces circonstances, il est impensable, voire ridicule, de voir une barbouzerie derrière cette affaire…» (http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/01/10/0101...age=8)

De son côté, la presse turque en parlait ainsi dans le journal Star du 20 janvier 2013: “Après l’assassinat de trois femmes du PKK, les services secrets français ont envoyé une première note à Ankara stipulant qu’il ‘s’agissait d’un règlement de compte interne au parti’. Pour l’enquête sur l’attentat, des échanges d’informations entre Ankara et Paris ont été réalisés par le biais des services secrets et de la police, des informations très importantes sur l’implication des deux personnes mises en garde à vue dans les relations internes du parti on été échangées.’ (Journal Star, 20 janvier 2013) (http://haber.stargazete.com/guncel/paris-cinayetlerinde...20999

Nous attendons des responsables français qu’ils apportent des réponses aux questions suivantes:

1) Comment est-il possible que ceux qui mènent l’enquête puissent écarter d’emblée l’éventualité d’une implication de la Turquie, qui est la plus à même d’être suspectée, alors que l’enquête n’a même pas été terminée et que l’innocence de la Turquie n’a pas encore été prouvée ?

2) Comment se fait-il qu’il y ait eu des échanges d’informations si larges et si avancées avec un Etat naturellement en position de suspect, alors que les familles des victimes n’ont encore donné aucune information à leurs avocats ?

Afin de mieux faire comprendre nos doutes, nous tenons à partager les informations suivantes sur l’enquête:
1) En 2009, dans un dossier d’enquête lancé sur les politiciens et patriotes kurdes de France, Sakine Cansiz est classée haut-responsable.

2) Dans les dossiers Wikileaks ouverts au public, il est clairement dit que les Etas-Unis attachent une importance particulière à Sakine Cansiz: Dans un crypto secret datant du 7 janvier 2007 écrit par Ross Wilson, alors Ambassadeur des Etats Unis à Ankara et envoyé aux Ambassades d’Ankara et de Bagdad, apparaissent les lignes suivantes: “ Il nous faut avant tout arrêter les flux d’argent du PKK qui arrive au Nord de l’Irak. Ceci nécessite une coopération des Etats-Unis, de l’Irak et des responsables européens qui doivent élargir les contrôles aéroportuaires et mettre en place des procédures plus élaborées pour contrôler les flux d’argent clandestins au Nord de l’Irak entre les institutions Nord-Irakiennes et le PKK. En second lieu, nous allons pousser les turcs à mieux définir les flux financiers et à les empêcher. MASAK est la seule instance qui permette le blanchiment d’argent et l’investigation sur les financements du terrorisme. Elle doit mener des investigations plus efficaces. En troisième lieu, nous devons faire des efforts sérieux afin de travailler d’avantage avec les Européens. Nous devons pour le moment nous concentrer sur l’identification de deux cibles principales, Riza Altun et Sakine Cansiz, et tâcher de les atteindre. Pour garantir l’emprisonnement de ces deux terroristes, nous pouvons aider les services de renseignements européens en leur fournissant les dossiers les plus larges possibles.

3) Suite au mandat d'arrêt international émis par la Turquie, Sakine Cansiz est mise en garde à vue le 17 mars 2007, en tant que dirigeante du PKK à Hambourg, mais le 16 avril 2007, elle est relâchée, faute de preuve.

4) A l'assemblée générale d'ASKON, le premier Ministre Turc, Recep Erdogan a fait des déclarations frappantes au sujet de trois militantes assassinées à Paris : "la dernière fois, le 5 novembre 2012, nous avons envoyé un message à l'interpol
français et nous les avons informés que cette terroriste était à Paris. Mais, la France n'a rien fait.

5) D'après les renseignements que nous avons pu avoir, quelques jours avant le massacre, Sakine Cansiz a téléphoné avec son numéro allemand à une connaissance, le numéro affiché à l'écran de celui qui reçoit est un numéro français. Ce qui signifie que le téléphone de Sakine Cansiz était écouté et canalisé. Donc, les équipes d'investigation doivent éclaircir et expliquer.

6) Sakine Cansiz est arrivée en France trois jours avant l'attentat (le 6 janvier). Un attentat professionnel à ce point ne peut pas être planifié spontanément en trois jours, ce qui veut dire qu’il avait été planifié bien avant.

Vu les renseignements et les données que nous avons énumérés ci-dessus, Sakine Cansiz est connue des institutions des Etats Européens (renseignements généraux, sûreté, interpol et europol) en tant que militante kurde et dirigeante haut placée du PKK. Alors, si tel était le cas, pourquoi ce plan d'attentat n'a pas été découvert et empêché.

Les institutions kurdes ont apporté toute l'aide possible ainsi que les informations en leur possession aux équipes d'investigation pour que ce massacre soit élucidé. D'autre part, pour ne pas influencer le déroulement de l’enquête, elles n’ont porté aucun renseignement à la connaissance du public.

Nous sommes très sensibles à cette affaire qui est d’une extrême gravité et attendons la même sensibilité des équipes d'investigation, des autorités françaises et de la presse.

FEYKA – Fédération des Associations Kurdes de France
20 janvier 2013

Contacts :
FEYKA E-mail : feykakurdistan@yahoo.fr
Leon Edart
Chargé des relations Extérieures
Tél. : 06.85.90.54.92
Roni Murat
Tél. : 06.26.79.01.25

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