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Syndicalisme Révolutionnaire Aujourd'hui

category international | luttes en milieu de travail | article de fond author Wednesday March 22, 2006 12:51author by Manuel Baptista - Collectif portugais de la FESAL-E Report this post to the editors

Le syndicalisme, ou bien il est réellement révolutionnaire, ou alors il se transforme en un instrument de contrôle de la classe dominante sur la classe opprimée.
La seule possibilité de lutte pour les travailleurs, dans une société dominée par le capitalisme – où a lieu, en fait, le phénomène de régression de toutes les idées généreuses d’égalité et de solidarité, en conséquence de l’offensive agressive de l’idéologie globalisante et neolibérale – c’est leur organisation autonome.

[Português]







Syndicalisme Révolutionnaire Aujourd'hui

par Manuel Baptista
coordinateur du Collectif portugais de la FESAL-E*

à l'occasion du Centenaire de la Charte d'Amiens, du Congrès de la CGT française


Le syndicalisme, ou bien il est réellement révolutionnaire, ou alors il se transforme en un instrument de contrôle de la classe dominante sur la classe opprimée.

La tendance à la conciliation entre classes (antagonistes) n’est pas seulement insufflée de l’extérieur de la classe ouvrière.

Au contraire, c’est du dedans de la classe ouvrière elle-même que se forme la tendance à la conciliation de classes. Ceci parce que l’organisation capitaliste du travail va permettre et stimuler une différentiation permanente aux niveaux des salaires, des conditions de vie et des statuts parmi les travailleurs. La séparation artificielle entre travailleurs « manuels » et «intellectuels» est maintenue par ceci même.

La seule possibilité de lutte pour les travailleurs, dans une société dominée par le capitalisme – où a lieu, en fait, le phénomène de régression de toutes les idées généreuses d’égalité et de solidarité, en conséquence de l’offensive agressive de l’idéologie globalisante et neolibérale – c’est leur organisation autonome.

Dis-moi d’où vient ton fric, je te dirai qui tu es!

C’est à dire, si l’argent d’une organisation de travailleurs, d’un syndicat, vient seulement des travailleurs eux-mêmes, qu’ils soient associés du syndicat ou d’autres travailleurs des organisations solidaires, avec ils sont en alliance / fédérés, sous une ou une autre forme, il ne sera pas impossible, mais cependant moins facile qu’ils entrent en collusion avec le patronat et ses politiciens.

Mais, si, au contraire l’organisation dépend des subsides de l’État, si elle dépend des “aides” des organisations régionales de la mondialisation capitaliste, tel le cas des confédérations européennes affiliées à la C.E.S. (Confédération européenne de syndicats), sous la dépendance totale des financements de l’U.E., inteiramente dependentes de financiamentos da U.E., comment peut-on espérer que de telles organisations fassent preuve d’indépendance, de capacité de lutte, de volonté de combat?

- Que peut-on espérer, sinon une permanente trahison de leurs associés (et de la classe ouvrière en général) á la table des négociations?

- Que peut-on espérer, sinon qu’ils signent des « pactes » qui consacrent la perte de droits et garanties, durement acquis aux prix de luttes de classes de décennies?

- Que peut-on espérer, sinon l’abandon des positions les plus fondamentales telles la défense des conventions de l’OIT souscrites par les syndicats, le patronat et les gouvernements de la plupart des pays européens?

Le problème qui concerne le syndicalisme européen n’est pas seulement européen

Ceci parce qu’il existe une mondialisation et l’Europe de l’U.E. est l’un des protagonistes de cette mondialisation, qui perpétue les mécanismes neo-coloniaux et impérialistes dans de vastes régions du Globe. Les Etats-Unis ont beau être la super-puissance hégémonique, il ne fait aucun doute que les bourgeoisies et gouvernements des pays européens participent aussi à cette mondialisation « neolibérale », la mondialisation de la misère.

D’un autre côté, il y a l’effet d’attraction qui s’exerce sur les travailleurs du Monde entier, du modèle d’« État social européen » (“welfare state”), qui fût l’apanage des États européens occidentaux en 1950-1970, qui a commencé à être mis en pièces avec le teacherisme, dans les années 1980, et ceci continue, systématiquement, que le gouvernement soit conservateur, libéral, social-démocrate seul ou en coalition avec des forces qui se désignent elles-mêmes (encore) comme anticapitalistes (par exemple: les gouvernements Jospin en France, avec la participation du P"C"F).

Il est avéré par l’Histoire depuis cent ans, que dès qu’il y a une avancée significative, dans les domaines des droits humains et du travail, au début conquise par les travailleurs du monde « développé », très vite ceux des pays “en développement” se mettent á revendiquer les mêmes garanties, obtenant parfois gain de cause et la consécration de certaines normes légales plus favorables. Ceci veut dire aussi que, dès qu’il y a perte des droits et garanties en Europe, également dans les pays « en développement » les bourgeoisies rapidement éliminent celles-la des lois générales et du travail de leurs pays.

Il suffit de penser à l’involution / régression sociale des dernières 25 années au Portugal, un pays européen, pourtant avec des standards de développement humain plutôt proche du “Tiers-Monde”, où ceci est précisément arrivé.

Malheureusement, le même modèle a été appliqué à tout notre continent et à l’échelle mondiale, par le neoliberalisme triomphant.

L’application du modèle involutif, la contre-offensive du capitalisme dans sa phase néo-libérale, a été particulièrement cruel dans la destruction totale des mécanismes sociaux qui existaient dans les pays dits « socialistes » de l’Est européen, en particulier, dans les sanglantes et barbares guerres de "partitions ethniques" en Yougoslavie, déclenchées grâce aux basses manœuvres des gouvernements allemand et autrichien (et la bénédiction Jean Paul II), qui ont culminé par une campagne de terrorisme d’État, dans la guerre du Kosovo. Dans ce cas aussi, le rôle de la CES a été transparent, puisque, non seulement elle empéchea une réponse organisée du prolétariat contre la guerre d’aggréssion (la première guerre entre États européens depuis la fin de la IIe Guerre Mondiale), comme elle a pris une position d’appui à la campagne criminelle de l’Organisation Terroriste Nord Atlantique (OTAN) sous prétexte de « libérer le Kosovo ».

Les guerres de l’"Empire" depuis 2001, durant le consulat Bush, sont aussi le réflexe de l’impuissance et désorientation globale de la classe ouvrière.

Celle-ci s’est laissé prendre par l’intérieur, c’est à dire, dont les bourgeoisies ont réussi à coopter discrètement les leaders ouvriers, soit ceux de la direction des syndicats, ou des partis dits ouvriers. En réalité, un parti ouvrier, indépendamment des intentions pures de ses fondateurs, devient toujours - en fin de compte - un parti de la bourgeoisie, puisque finalement ce sont ses fils, avec touts leurs réflexes et préjugés de classe et surtout avec une énorme soif de pouvoir sur les autres, qui s’approprient la direction et l’appareil. C’est ainsi que les énergies sont si souvent déviées de l’auto-organisation des travailleurs, sans que les gens, révolutionnaires mais ingénu/es, s’aperçoivent à quel point ils/elles sont manipulé/es.

Nous voyons donc une évolution internationale très négative pour la classe ouvrière, qui cependant a du potentiel de rupture à plusieurs niveaux et dans tout le Monde, étant donné l’exacerbation de la lutte des classes: notamment les exemples d’Amérique latine dans les 5 dernières années ou les développements récents dans la lutte des classes en France. Cette inévitable montée de la confrontation globale ne pourra pas être mise en équation par personne, ni par un « comintern » ou autre “élite” révolutionnaire.

Ce qui se passe sous nos yeux est indépendant de l’existence d’une force révolutionnaire organisée forte ou hégémonique dans tel ou tel pays.

Si l’on constate cela, du même coup on balaye toutes les illusions du léninisme et du mythe de la construction du « parti », qui dit que seulement sous la direction du « parti », les « masses » pourront faire la révolution. Au contraire, la réalité sociale contemporaine vient confirmer les bases théoriques du syndicalisme révolutionnaire, dans sa vision la plus large, la moins sectaire… ce qui nous donne encore plus de confiance pour nous orienter et organiser en harmonie avec de tels principes et méthodes.

L’unité n’est pas une fin en soi-même et elle se construit dans la lutte

En effet, nous devons savoir avec qui nous devons nous unir. Soit avec ceux qui partagent les mêmes objectifs ou bien avec ceux qui – au bout du compte - sont directement ou indirectement au service de l’ennemi ? Nous savons trop bien que nous sommes plongés dans une vaste guerre de classes, dont le dénouement arrivera, s’il arrive, après le triomphe de la Révolution Sociale.

Si nous continuons à donner un crédit aux bureaucrates syndicaux, si nous faisons alliance avec eux et taisons les vérités sur ces faux amis, vrais amis de nos ennemis, que pouvons-nous attendre ? Le prolétariat (les hommes et femmes qui - d’une façon ou d’une autre - produisent tout) va rester dramatiquement impuissant. Ceux-la même qui pourraient faire arrêter la machine de guerre - et de toutes les guerres – et réorganiser le monde sous de nouveaux principes. Donc, nous ne pouvons retrouver les chemins de la lutte que si nous bâtissons notre syndicalisme du XXIe. Siècle, c’est á dire, un syndicalisme qui se propose de détruire le monstre capitaliste, un syndicalisme expression authentique et légitime des travailleurs organisés, celui-la qui – parce qu’il défend la vraie indépendance de classe – n’admet pas d’ingérences d’organisations non-syndicales dans la vie des syndicats et dont les membres prennent les décisions en assemblées, suivant la méthode de la démocratie directe, en mandatant les directions, du niveau local au confédéral.



(*) FEDERATION EUROPÉENNE DE SYNDICALISME ALTERNATIF - EDUCATION

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