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Manifestations de masse dans le sud et le centre de l’Irak

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category machrek / arabie / irak | luttes dans la communauté | nouvelles author Thursday July 26, 2018 11:26author by Zaher Baher Report this post to the editors

Ce qui suit est un récit de la situation actuelle dans le sud et dans le centre de l’Irak. Cela fait plus d’une semaine [Note du Traducteur : plus de deux semaines à l’heure de la traduction] que des manifestations et des protestations de masse se tiennent contre le gouvernement central et les autorités locales, mais également contre les compagnies pétrolières. Cet article tente d’expliquer brièvement la situation.

A lire aussi : Des nouvelles des manifestations à Bagdad et dans le sud de l’Irak : ça continue!

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Zaher Baher
Irak - Souleymanieh
16/07/2018


Il semble que la propagande des USA et des pays occidentaux et les illusions de la religion et du nationalisme ne fonctionnent plus pour le peuple du sud et du centre de l’Irak. Il pourrait s’agir là de la fin des conflits et des discriminations entre Chiites et Sunnites. Cela fait 15 ans que Saddam Hussein a été déchu et cela fait 13 ans, depuis 2005, que le gouvernement est dominé par les chiites. L’échec du processus électoral et du système parlementaire aurait dû enseigner aux chiites et aux sunnites d’Irak que le changement véritable ne saurait advenir par ces voies. C’est d’ailleurs probablement la raison principale pour laquelle seulement 38 % de l’électorat ont participé aux élections générales irakiennes, en mai cette année.
Au cours de cette période, les vrais gagnants ont été les politiciens, les hommes d’affaire, les ministères du gouvernement et leurs dirigeants, ainsi que les entreprises étrangères. Les perdants sont le peuple ordinaire qui a tout perdu, y compris le peu qu’il avait sous le régime de Saddam Hussein. En outre, le peuple a sévèrement souffert de la corruption, de la privatisation, de l’injustice, du chômage, d’une guerre entre factions religieuses, de l’aggrandissement du fossé entre les riches et les pauvres et du manque de gaz, d’électricité et d’eau potable.
Le peuple du sud et du centre de l’Irak, évidemment, refuse de continuer à vivre cette vie. Depuis presque une semaine, le peuple de Basra (une ville riche de l’argent du gaz et du pétrole et controlée par le gouvernement central et les compagnies pétrolières étrangères) combat les autorités. Les compagnies pétrolières emploient 30 000 personnes. Aucune de Basra.

Basra est la 3ème ville la plus importante en Irak après Bagdad et Mossoul, où vivent plus de 5 millions de personnes. Ces gens ont terriblement souffert aux mains des autorités locales et des entreprises étrangères. Ils/Elles n’ont pas accès à un système de santé décent ni à l’éducation. Selon un rapport irakien, 48% des résidents de Basra ont été diagnostiqués comme porteuses et porteurs d’un cancer dont la cause a été reliée à l’uranium appauvri. En raison de tous ces éléments, le peuple d’Irak, particulièrement ceux des zones centrales et méridionales, n’avaient pas d’autre choix que de riposter contre le gouvernement central et les autorités locales.
Les manifestant-e-s de Basra ont occupé de nombreux bâtiments et autres bureaux gouvernementaux et se sont confronté-e-s avec la police et les forces de sécurité. Les gens ont aussi mis le feu à des locaux et des permanences de partis politiques dans la ville. Depuis vendredi 13 juillet, les manifestations se sont répandues à de nombreuses autres villes, notamment Nasiryah, Maysan, Qadisiyyah, Karbal, Thi Qar, Babil and Najaf. Dans cette dernière ville, la principale ville sainte des chiites en Irak, les manifestant-e-s sont parvenu-e-s à occuper et à prendre le contrôle de l’aéroport. A Basra, elles et ils essaient de prendre le contrôle sur les champs pétroliers et sur les raffineries afin d’empêcher que le pétrole soit exporté. Samedi [14 juillet, dans l’]après-midi, de nouvelles manifestations ont démarré dans quatre quartiers de Bagdad, très près de la zone verte, une zone particulièrement sensible de la ville. Il semble que le gouvernement central a désormais imposé un couvre-feu pendant la nuit dans certains quartiers de Bagdad. D’autres sources évoquent la fermeture, par le gouvernement, de la route principale entre Bagdad et Kirkouk.

La situation est si tendue que Haider al-Abadi, le Premier Ministre irakien, a écourté sa visite à Bruxelles afin de pouvoir revenir à Basra samedi pour avoir une rencontre avec les autorités, les politiciens et les dirigeants de la police et des forces de sécurité à Basra. Les manifestant-e-s ont tenté d’occuper le lieu de la rencontre mais ont été écrasés par la police et les forces de sécurité.
On ne connaît pas le nombre exact de personnes tuées ou blessés, compte tenu de la multiplicité des sources. Certaines confirment que plus de vingt manifestant-e-s ont été tué-e-s et que plus de 240 personnes ont été blessé-e-s, sans compter les plus de 1000 personnes arrêtées. Dans le même temps, le gouvernement central cherche à empêcher la propagation des nouvelles des manifestant-e-s et de leurs activités à d’autres villes. Entre samedi matin et lundi matin, Facebook était coupé. Et entre samedi 18h et dimanche après 11h, il n’y avait aucun accès possible à Internet.
On ne sait pas ce que sera le résultat final mais, pour le moment, les partis politiques ne sont pas parvenus à éteindre ni à canaliser les protestations. Et, jusqu’à présent, aucune revendication, aucun slogan, aucun hymne n’avait de dimension religieuse. Pas un cri « Dieu est grand » (Allahou Akbar) n’a été entendu de la part des manifestant-e-s.
Cependant, si les gens ne s’organisent pas entre elles et eux dans des groupes indépendants et non-hiérarchiques dans tous les lieux de travail, toutes les rues et tous les quartiers pour coordonner leurs actions, il est difficile d’être optimiste à propos de la situation. Il y a aussi la possibilité que les manifestant-e-s qui s’opposent aux politiques mafieuses du gouvernement et à la stratégie sanguinaire de l’État soient poussées par les meurtres à se défendre avec des armes. Cela pourrait transformer leur lutte populaire qui passe par des manifestations et des actions pacifiques massives en une guerre civile. L’histoire récente du « Printemps Arabe » montre que les guerres civiles ne bénéficient vraiment qu’à ceux qui ont le pouvoir, aux riches, aux grandes entreprises et au système en général.

Traduction : Gio (Coordination des Groupes Anarchistes)

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