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Les classes opprimées se soulèvent contre le racisme et la discrimination

category international | migration / racisme | déclaration de principes author Monday July 13, 2020 01:12author by Various anarchist organisations - Various Report this post to the editors
L’assassinat de George Floyd aux États-Unis par la police a déclenché une vague d’outrage populaire dans ce pays et à travers le monde. Les manifestations massives et l’action directe contre la police et en réponse à la répression ont été fréquentes au cours de ces dernières semaines. Le meurtre, s’ajoutant à des milliers d’autres, ravive la révolte étendue de 2004 aux États-Unis, suivant les nombreux assassinats de Noir-e-s, spécialement de jeunes. Ces faits ont mis en évidence le racisme profond qui existe dans les sociétés aujourd’hui.
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Les classes opprimées se soulèvent contre le racisme et la discrimination

L’assassinat de George Floyd aux États-Unis par la police a déclenché une vague d’outrage populaire dans ce pays et à travers le monde. Les manifestations massives et l’action directe contre la police et en réponse à la répression ont été fréquentes au cours de ces dernières semaines. Le meurtre, s’ajoutant à des milliers d’autres, ravive la révolte étendue de 2004 aux États-Unis, suivant les nombreux assassinats de Noir-e-s, spécialement de jeunes.

Ces faits ont mis en évidence le racisme profond qui existe dans les sociétés aujourd’hui. En Europe, ce sont des milliers d’immigrants et immigrantes qui réclament leurs droits et qui demandent d’être traité-e-s de manière égale à la population blanche, ainsi que le droit de trouver refuge pour des milliers de personnes qui tentent chaque jour de traverser la Méditerranée ou de passer de la Turquie à l’Europe, une tentative dans laquelle plusieurs d’eux et d’elles meurent et sont durement réprimé-e-s ou transféré-e-s dans des camps, qui ressemblent de plus en plus à des prisons.

Ce phénomène fait ressortir le rôle historique du racisme dans la construction de la société capitaliste. L’expansion du capitalisme – longtemps avant la Révolution industrielle – avait un élément central : le pillage de continents entiers, le génocide de populations entières, l’appropriation de territoires, de ressources et des corps par les États européens et leur bourgeoisie, afin de réaliser l’accumulation du capital qui fut plus tard investi dans le développement de la machinerie et de l’industrie au 18e siècle. Ce fut cette stratégie coloniale de pillage des ressources à travers les Amériques, accompagnée par le trafic des esclaves et la traite des êtres humains en Afrique et en Amérique du Sud [Ndt. De même qu’en Amérique du Nord], qui a permis la consolidation du capitalisme.

Puis, dans une autre étape du déploiement du système, déjà au 19e siècle, l’impéralisme européen, ou l’expansion coloniale sur l’Afrique, l’Asie et l’Océanie, s’est développé dans le reste de la planète, avec un nombre incalculé de meurtres, de viols et de pillages, répétant la conquête réalisée quelques siècles auparavant en Amérique. Le capitalisme s’est ainsi étendu au reste du monde et est devenu un système mondial. Les pillages, la destruction et les génocides sont inhérents au capitalisme; ils sont dans son ADN. C’est la même chose avec le racisme ou le patriarcat; le capitalisme s’est fondé sur l’exploitation des corps, les transformant en territoires et en simples éléments qui activent son fonctionnement et sa reproduction.

Le racisme est un élément structurel du système capitaliste. Puisqu’afin de voler le reste de la planète – incluant au sein même des pays développés – le système capitaliste et les classes dirigeantes devaient établir quels groupes sont sujets à leur domination, les conquérants européens et maîtres coloniaux ont tôt trouvé une légitimation de ces décisions dans les « théories des races » pseudoscientifiques, qui avançaient l’existence de différentes « races humaines » et les classaient de manière hiérarchique, en plaçant toujours au-dessus de celles-ci la supposée « race blanche », associée aux Européens eux-mêmes.

Donc, le racisme a classé, et continue de classer, une grande partie de la population planétaire, voir même de continents entiers, dans des positions subordonnées. Voilà pourquoi nous voyons ces rapports sociaux entre les pays développés et les pays sous-développés. Le système capitaliste, fondé sur la division entre les classes sociales, a aussi dans une grande mesure formé ces classes sur la base de la discrimination raciale et la couleur de peau. En dehors du racisme, il y a d’autres facteurs qui ont joué un rôle, certains desquels sont interreliés et mutuellement dépendants, comme la construction de la nation, qui divise les hommes opprimés et les femmes et dévalue tous ceux et toutes celles qui n’appartiennent pas à la collectivité nationale. C’est ainsi que la nation constitue l’un des piliers de la normalité raciste et capitaliste.

En Europe et en Amérique, la majorité des personnes noires et non-blanches est pauvre et porte tout l’héritage de l’histoire coloniale que nous avons mentionné. Les personnes noires et non-blanches ont toujours les emplois les moins bien payés, sans sécurité sociale ou avantages sociaux, avec de piètres accès aux soins de santé et au logement, et avec le constant harcèlement et la violence de la police, tel que nous le voyons aux États-Unis et en Europe et que nous voyons aussi dans les favelas au Brésil où s’observe un procédé bien réel de meurtres en série organisés envers la jeunesse noire.

En d’autres mots, le racisme n’est pas un dérivé de la structure économique de la société capitaliste, ce n’est pas un problème secondaire. Au contraire, nous devons affirmer que le système capitaliste s’est construit sur la base du racisme et de la discrimination raciale, un système qui n’est pas exclusivement économique. C’est un système mondial, qui comporte des aspects politico-idéologiques qui jouent un rôle important, ainsi que des aspects légaux que le capital exploite pour son expansion, des aspects répressifs, des aspects de l’ordre de la communication, etc.

Sur la base du discours raciste, le système capitaliste maintient des zones de la planète sous la condamnation à la faim et aux perpétuelles guerres et invasions. Celles-ci sont nécessaires pour que ce système génocidaire se perpétue; tout comme il est également nécessaire, de temps en temps, de « changer sa face » pour se présenter différemment et permettre, par exemple, la venue au gouvernement américain d’un président Noir comme Obama. C’est précisément sous l’administration d’Obama qu’il y a eu une recrudescence de violences policières contre la population Noire, dans une démonstration nette que le racisme est structurel dans ce système, imbriqué dans les forces répressives et dans les groupes racistes et suprémacistes blancs – bien que pas seulement en eux sur le plan sociétal – qu’il a une composante de classe évidente. La face libérale du capitalisme a seulement permis à une petite minorité au sein de la population Noire d’accéder au pouvoir et aux classes dirigeantes, mais uniquement dans le but de se renouveler en tant que système et d’accroitre son pouvoir. Le « capitalisme libéral » et l’« État démocratique » n’ont pas cessé d’être racistes après avoir placé à leur tête un président Noir ou un homme d’affaires Noir dans une position privilégiée; ils sont devenus assurément plus au point en vue d’accroître le degré de pillage et d’oppression des majorités sociales à travers la planète.

C’est pour cette raison, du point de vue de l’anarchisme organisé politiquement, que nous parlons de la nécessité de construire un front des classes opprimées, qui puisse rassembler tous ces secteurs qui sont opprimés et dominés par le système. Les travailleurs et travailleuses formel-le-s et précaires, les paysans et paysannes, les peuples autochtones, les immigrants et immigrantes, les sans-emploi et les gens déplacés, cela revient à dire que tous ces secteurs qui souffrent au quotidien des conséquences du système capitaliste ont leur place dans la lutte d’un tel front. C’est le sujet social qui se manifeste aujourd’hui à travers les révoltes partout dans le monde et c’est le sujet qui doit être construit dans une perspective de renforcement organisationnel des peuples en vue des processus de rupture, de révolution sociale que nous défendons et auxquels nous aspirons.

Puisque le système capitaliste n’est pas simplement un système économique, nous considérons que la lutte contre le racisme et la violence étatique qui le maintient est également une lutte contre les structures du système capitaliste, un système de famine, de mort et de violence contre les opprimé-e-s du monde, peu importe leur couleur de peau ou leur langue. Plus précisément, contre l’État, qui n’a pas été « neutre » dans l’expansion du système capitaliste puisqu’il en a été un élément central aux fonctions organisationnelles, nous appelons au soutien et à la favorisation de l’auto-organisation et de la lutte de chacun et de tous les personnes et groupes opprimés!

Alors que les pouvoirs politiques et économiques traitent comme des « autres » ceux et celles qui ne leur jurent pas allégeance, ils assument leur rôle de « garants » de chaque conflit dans la sphère sociale pour leur propre survie et les attaques racistes et la discrimination dans la société augmentent. Pendant que le capitalisme et l’État accroissent leur répression et leur militarisation de la sphère sociale avec de nouvelles armes chimiques, des munitions, des mobilisations citoyennes racistes, la police et l’armée, il est temps de les combattre!

LONGUE VIE À LA LUTTE DES CLASSES OPPRIMÉES CONTRE LE RACISME ET TOUTES LES FORMES D’OPPRESSION!
POUR LA CONSTRUCTION DE L’AUTO-ORGANISATION DES PEUPLES ET D’UN FRONT DES CLASSES OPPRIMÉES!
DEBOUT AVEC CEUX ET CELLES QUI LUTTENT!



☆ Federación Anarquista Uruguaya – FAU (Uruguay)
☆ Embat-Organització Llibertària (Catalogne)
☆ Federación Anarquista Rosario – FAR (Argentine)
☆ Zabalaza Anarchist Communist Front – ZACF (Afrique du sud)
☆ Anarchist Communist Group (Grande-Bretagne)
☆ Anarchist Federation (Grèce)
☆ Bandilang Itim (Philippines)
☆ Devrimci Anarşist Faaliyet – DAF (Turquie)
☆ Melbourne Anarchist Communist Group – MACG (Australie)
☆ Aotearoa Workers Solidarity Movement – AWSM (Nouvelle-Zélande)
☆ Coordenaçao Anarquista Brasileira – CAB (Brésil)
☆ Anarchist Union of Afghanistan and Iran – AUAI (Iran /Afghanistan)
☆ Organización Anarquista de Córdoba – OAC (Argentine)
☆ Union Communiste Libertaire – UCL (France)
☆ Alternativa Libertaria /FDCA (Italie)
☆ Organisation Socialiste Libertaire – OSL (Suisse)
☆ Workers Solidarity Movement – WSM (Irelande)
☆ Die Plattform-Anarchakommunistische Organisation (Allemagne)
☆ Libertaere Aktion (Suisse)
☆ Tekosina_Anarsist (Anarchist Struggle) (Rojava – Nord-Est de la Syrie)



Traduction du Blogue du Collectif Emma Goldman

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