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Loi sur le séparatisme : ne pas fantasmer une 5e colonne

category france / belgique / luxembourg | migration / racisme | opinion / analyse author Monday November 09, 2020 22:11author by Théo Rival - Union Communiste Libertaire Report this post to the editors

Le meurtre atroce de Samuel Paty, enseignant d’histoire-géo- graphie, perpétré au nom de l’intégrisme islamiste, a suscité une intense émotion de l’ensemble de la société. Les instru- mentalisations de ce meurtre ont été quasi immédiates, multi- pliant les amalgames racistes. Une entreprise de division de la population que le gouvernement avait déjà entamé avec sa campagne islamophobe sur le « séparatisme ».

Le 16 octobre, Samuel Paty, enseignant d’histoire-géographie, était assassiné par un jeune intégrisme islamiste. Ce crime atroce a déclenché une immense émotion qu’ont partagée les membres de l’UCL qui, partout, ont pris part aux rassemblements en hommage à la victime. Cet acte nous révulse, tout comme nous révulsent tous les crimes perpétrés par les obscurantistes criminels, quelle que soit leur obédience. Samuel Paty avait présenté en classe quelques jours auparavant des caricatures de Charlie Hebdo. Comme nous l’avons déjà dit  : «  aucun meurtre, aucun attentat ne peut remettre en cause la liberté d’expression, et l’UCL y est viscéralement attachée.  » [1]

Aujourd’hui, les informations rendues publiques [2]. indiquent que ce sont des personnes liées à l’intégrisme islamiste et inscrites dans les réseaux de l’extrême droite fasciste qui sont impliquées dans les événements ayant conduit au meurtre de Samuel Paty. Abdelhakim Sefrioui, fondateur du collectif Cheikh Yassine, est un antisémite notoire [3]. Ces individus sont parmi nos pires ennemis et l’ensemble des forces progressistes doit faire rempart à leurs agissements criminels.

Refuser les amalgames



Le compte twitter du meurtrier avait lui été signalé dès le mois d’août aux autorités [4]. Toute une société, choquée, s’interroge sur ce qui a conduit et permis à un jeune homme de 18 ans de commettre un tel crime. Pour cela, les personnels des établissements scolaires, comme les élèves et leurs parents, ont besoin du temps de l’échange et de l’écoute qui ne peut pas être corseté par le «  cadrage national strict  » évoqué par Jean-Michel Blanquer [5]. Mais par la voix de son ministre de l’Intérieur, le gouvernement s’est empressé d’instrumentaliser ce crime à d’autres fins. Avec le relai actif d’une grande partie de la classe politique hexagonale et des éditorialistes réactionnaires. Et ce sont les personnes musulmanes ou assignées comme telles qui en ont été les cibles [6]. Considérées, d’office, comme complaisantes avec le terrorisme, elles ont été sommées de se justifier à longueur de journée, dans un amalgame cher à l’extrême droite entre pratique de la religion musulmane et intégrisme islamiste.

Le ministre de l’Intérieur a fait procéder à des perquisitions en assumant publiquement non seulement qu’elles n’ont rien à voir avec l’enquête mais qu’elles ont pour fonction d’intimider. Lors de l’instauration de l’état d’urgence en 2015, ce type de pratiques avait déjà été dénoncé par les organisations de défense des droits humains comme de graves atteintes aux libertés démocratiques [7]. Darmanin n’a pas hésité non plus à brandir la menace de dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), une association antiraciste qui apporte un soutien juridique aux personnes victimes d’agressions, de violences, d’injures ou de discrimination islamophobes. Le comble aura été atteint lorsque le même ministre s’en est pris aux rayons «  communautaristes  » des supermarchés  : au-delà de l’absurde, comment justifier là encore d’un quelconque rapport avec un acte terroriste  ?

Faut-il vraiment rappeler que les personnes qui pratiquent la religion musulmane doivent pouvoir vivre dans ce pays avec les mêmes droits que n’importe qui  ? Qu’elles ne constituent ni une cinquième colonne, ni un «  corps étranger  »  ? Mais dire cela c’est visiblement déjà un signe de «  compromission  » pour le ministre de l’Intérieur. C’est ce qui vaut à l’Observatoire de la laïcité d’être sur la sellette, du fait de la défense de la loi de 1905 intransigeante autant qu’imperméable au climat islamophobe. Le syndicat SUD-Éducation, qui refuse les instrumentalisations du meurtre de Samuel Paty, est accusé par Darmanin d’avoir contribué à une «  ambiance  » permettant le passage à l’acte terroriste. Le même reproche a été fait au directeur de Mediapart. Et bien sûr toutes celles et ceux qui ont participé à la marche antiraciste du 10 novembre 2019 contre l’islamophobie sont taxé·es «  d’islamo-gauchisme  », un anathème utilisé ici à dessein pour disqualifier les partisans et partisanes de l’égalité des droits.

Une campagne de haine et de division



L’heure est donc à la désignation et à la stigmatisation de prétendus «  ennemis intérieurs  » [8]. Le 2 octobre, Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes du projet de loi sur le «  séparatisme  » [9]. Déjà il ne disait rien des agressions de personnes musulmanes, pas un mot sur les propos racistes et les incitations récurrentes à la haine raciale qui polluent les médias. Déjà il entretenait les amalgames et les stigmatisations islamophobes, expressions de l’héritage du racisme colonial. Mais la duplicité de ce gouvernement est totale  : ce n’est pas le «  séparatisme  » du concordat en Alsace-Moselle qui est visé, ni celui des subventions publiques aux écoles privées. Défendre vraiment la laïcité serait y mettre fin. Nous disons que le «  vrai séparatisme  » c’est celui des riches, c’est celui des inégalités sociales et des discriminations raciales. Une telle spirale islamophobe ne profite en définitive qu’à ceux qui prêchent la haine et la mort. Ce n’est ni aux côtés du gouvernement, ni avec les racistes et islamophobes que nous construirons l’unité contre l’obscurantisme criminel. Aujourd’hui comme hier, les communistes libertaires ne laisseront pas la population et les classes populaires être divisées.

Théo (UCL Orléans) - le 22 octobre 2020

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