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Perspectives libertaires - Imposer le changement

category amérique du nord / mexique | divers | opinion / analyse author Sunday April 01, 2007 01:18author by La Cause Commune - Fédération des Communistes Libertaires du Nord-Est Report this post to the editors

Nous voilà de nouveau en période électorale. C’est le temps pour du changement, du moins c’est ce que nous diront les partis d’opposition. Mais quels moyens seront pris pour réaliser du changement au Québec?

Avec le Parti Libéral, c’est avant tout avec la loi du bâillon que les plus grandes transformations sociales ont été faites au cours des dernières années, comme les modifications au code du travail et l’imposition des conventions collectives de la fonction publique. On a ainsi vu les principes de la démocratie représentative complétement bafoués, car avec la loi du bâillon on a permis à la majorité à l’Assemblée nationale de faire adopter des projets de loi en suspendant les procédures.

Parlons-en de cette démocratie et réglons tout de suite un malentendu: il ne peut y avoir de démocratie authentique dans le cadre du capitalisme. Pourquoi? Parce que le capitalisme place l’économie hors du champ de la démocratie, à un niveau où seul le pouvoir brut de la bourgeoisie est pris en compte.

Alors, si les institutions démocratiques actuelles trahissent leurs propres principes et se montrent incapables d’avoir une prise sur les forces du marché, où est-il donc possible pour la classe ouvrière de faire entendre sa voix et de défendre ses intérêts? Nous pensons que c’est dans le cadre des luttes sociales, sur le terrain populaire, à côté et contre le monde politicien. Historiquement, c’est de cette façon que la journée de travail de 8 heures et les fins de semaine de congé ont été gagnées. Dans les dernières années, c’est avec la lutte que nous avons empêché l’établissement de la centrale thermique du Suroît et les plus récentes coupures en éducation. Et tout récemment, parions que c’est la mobilisation des groupes communautaires du quartier Pointe Saint-Charles et du sud-ouest de Montréal qui ont fait reculer le projet de grand casino plutôt qu’un quelquonque appui politicien. Bien qu’elle n’est pas toujours apparente, il existe une gauche populaire au Québec et au Canada, capable de réaliser des changements sociaux hors et à l’encontre de la politique institutionnelle.

Maintenant, réglons un deuxième malentendu, celui-ci d’ordre réformiste : on ne peut pas simplement assembler diverses luttes revendicatives pour arriver à une véritable démocratie. Il faut d’abord que ces luttes gardent leur intégrité et indépendance politique, qu’elles refusent de devenir la courroie de transmission des partis politiques plus à gauche. Ensuite, elles doivent se rassembler et se doter d’un projet politique clair en rupture avec le capitalisme qui dépasserait tout en les englobant les champs d’intérêts spécifiques des groupes revendicatifs. En somme, il appartient aux personnes en lutte dans leurs syndicats, associations étudiantes, associations communautaires et ailleurs de réaliser que leurs gains peuvent dans l’immédiat se transformer en une prise de pouvoir généralisée et que les formes de démocratie directe vécues dans la lutte peuvent être utilisées pour établir une société autogérée. Ce projet “d’enlever la démocratie” des mains des élus à l’Assemblée Nationale, pour l’amener dans nos lieux de travail et nos quartiers passe évidemment par une bataille pour le contrôle des moyens de production. La démocratie représentative n’a que peu d’impact sur le pouvoir économique. Si l’on veut une démocratie authentique et directe, il faudra justement qu’elle puisse intégrer l’économique, le politique et le social. Ainsi, pour replacer l’économie dans le champ démocratique, il faut mener nos luttes dans un sens anti-capitaliste.

En ce mois de mars 2007, nous sommes donc devant plusieurs choix. Reconduire le Parti Libéral pour qu’il puisse continuer à opérer la réingénierie de l’état? Aller avec l’Action Démocratique qui est encore plus à droite? Revenir au Parti Québécois qui a fait la preuve dans son dernier mandat que, pour lui, l’intérêt national triomphait toujours sur les besoins sociaux? Avoir foi en Québec Solidaire, qui pense pouvoir fusionner les revendications de la rue avec la lucidité d’un « bon gouvernement »?

Pour l’instant, posons le choix que nous avons devant nous : laisser filer le pouvoir à l’Assemblée Nationale ou l’exercer au quotidien, dans l’ensemble des sphères de la société. Le changement ne doit pas être l’affaire des politiciens et imposé par le bâillon. Au contraire, le changement doit être l’affaire des travailleurs-euses, des sans-emploi, des jeunes, etc. et imposé par la lutte.

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Extrait du numéro 13 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec.

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